Page:Le surréalisme en 1929, 1929.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la joie au badaud peuple de Paris, car à propos d’enterrement, on lui sert un beau ballet, plus beau que ceux de M. de Diaghilev, et gratis par les rues, avec de grandes vedettes, un prince de Galles, un prince de Belgique et des cardinaux, dont une petite fille, psychanalyste, s’extasiait : ils en ont des belles queues, maman, les messieurs), je disais donc, tant il est vrai que les idées toutes faites et aussi bien les plus admissibles, telles que celles des calendriers et almanachs, ne sont plus mythes, ce dont, au reste, aurait bien dû s’expliquer M. Paul Valéry, le jour que, lassé d’épiloguer sur la crise de l’esprit, il laissa tomber dans la boîte aux lettres de la N. R. F. une jolie petite épistole bien fignolée, sans la moindre fausse note, car elle n’affirmait rien de plus scandaleusement neuf que la gamme classique :


Do ré mi fa sol la si do
Mon chat est tombé de si haut
Do si la sol fa mi ré do
Qu’il s’est cassé l’épine du dos
Do – do


Sans doute, le mythe du mois de mars et des giboulées n’était-il pas assez distingué pour notre penseur national. Il y a mythes et mythes. D’accord. Il y a même mites et mythes. Il y a les mi-mythes.

— Parler de mi-mythes, c’est commis voyageur en diable, affreusement « Gaudissart », se récrieront les ceusses qui ont fourré ce qui leur sert de nez dans Balzac…

Et ils continueront :

Un vrai calembour de table d’hôte.

Parfait. Vous y voilà. Les mythes et les religions, c’est compère et compagnon. Or, les religions depuis la Cène sont des tables d’hôte. Drelin, drelin. La même sonnette que pour le wagon-restaurant. Mais à l’église, on a supprimé le vin qui tache les nappes.

Or, de la table d’hôte, passons à une autre table, celle autour de laquelle la Revue du Mois de la N. R. F. nous dit que se réunirent à l’École Normale, une cinquantaine de jeunes gens pour écouter le R. P. Yves de la Brière qu’ils avaient prié de les éclairer sur les récents accords intervenus entre la papauté et l’État italien.

C’est du joli.

Le chroniqueur mondain de la N. R. F. qui parle de cette manifestation de haute spiritualité (sic) nous dit quelles gammes exécutèrent le R. P. et M. Bendamaisnebandepas.

Le pape et Mussolini.

Chiappe et sa Chiappesse.

Le R. P. Yves et sa Brière.

M. Bendamaisnebandepas et Mme La Trahisondesclercs.

Voilà de quoi y aller d’un petit quadrille assez croquignolet.

En tout cas, le spectacle des lettres et de la société contemporaines est bien digne de M. Arland le cancrelat, qui découpe les petites ordures d’échos parus dans le journal de l’immonde M. Paul Lévy (c’est de Aux Écoutes que je vous parle) pour faire des romans, frais comme M. Arland lui-même, et tout ce joli monde qui ne fut, hélas, pas conduit au dépôt.