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trouvent aujourd’hui : il nous a paru intéressant aussi de savoir lesquels d’entre eux répondraient à une sorte de signal lancé dans le vide. D’où la lettre suivante :

Paris, le i2 février 1929.

Monsieur.

Vous ne vous désintéressez pas absolument, autant que l’on sache, des possibilités d’action commune entre un certain nombre d’hommes que vous appréciez plus ou moins, les ayant plus ou moins connus, ayant eu plus ou moins l’occasion de les juger sur tel ou tel acte privé ou public, et désespérant ou espérant, à tort ou à raison, plus ou moins d’eux. Peut-être jugerez-vous opportun de procéder à une confrontation générale entre les différents points de vue qui sont les leurs et qui, peut-être, aujourd’hui les opposent diversement. Les questions personnelles. dont il a toujours été admis que chacun faisait bon marché, peuvent-elles ou doivent-elles prévaloir contre les raisons que ces hommes auraient d’agir ensemble, si l’on considère l’importance et l’efficacité d’un accord susceptible de s’établir à nouveau entre eux, ou une partie d’entre eux ? Y a-t-il antinomie foncière entre ce qu’ils pensent ? Nous nous permettons d’attirer votre attention sur ce fait : il ne parait presque plus rien qui nous intéresse, les uns ou les autres. On annonce bien une revue marxiste, une revue d’opposition communiste. une revue de psychologie concrète, etc., mais il semble que ces publications éprouvent des difficultés à paraître, et en revanche La Lutte de Classes. Le Grand Jeu, Distances. L’Esprit, La Révolution surréaliste, etc, ne paraissent plus. Devrons-nous permettre qu’on en tire des conclusions et que nos ennemis communs tablent de plus en plus sur l’impossibilité où nous sommes de concerter, sur quelque base que ce soit, une action commune ou renoncer à nous compter autour d’un certain nombre d’idées, positives ou négatives, après tout assez bien déterminées, et dont la portée seule est sujette à discussion ? Un certain nombre d’entre nous se refusent de croire à la nécessité, à la fatalité de l’éparpillement de nos efforts et à la spécialisation outrancière qui en résulte. C’est pourquoi vous êtes prié de répondre par écrit aux questions suivantes :

1. — Estimez-vous que. tout compte fait (importance croissante des questions de personnes, manque réel de déterminations extérieures, passivité remarquable et impuissance à s’organiser des éléments les plus jeunes, insuffisance de tout appoint nouveau, et par suite accentuation de la répression intellectuelle dans tous les domaines), votre activité doit ou non se restreindre, définitivement ou non, à une forme individuelle ?

2. — a) .Si oui, voulez-vous faire à ce qui a pu réunir la plupart d’entre nous le sacrifice d’un court exposé de vos motifs ? Définissez votre position.

b) Si non, dans quelle mesure considérez-vous qu’une activité commune peut être continuée ou reprise ; de quelle nature serait-elle ; avec qui désireriez-vous, ou consentiriez-vous, à la mener ? ni