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le monde animal et dont on voudrait faire celle de l’homme. En sorte que celui qui agit autrement que la brute est un déséquilibré ; « le génie est une folie » et la bonté une duperie !

Jésus, ainsi qu’a essayé de le démontrer Jules Soury dans son étude sur les Évangiles, serait de même que les Socrate, les Jeanne d’Arc, etc., des « dégénérés » issus de « déséquilibrés, de rachitiques et d’alcooliques »[1].

Pour n’avoir pas compris (en admettant même le passage du moi, de l’âme par la série animale) que l’humanité et l’animalité constituent des règnes différents; – pour ne pas s’être rendu compte que l’identité des lois physiologiques dans les deux règnes peut coexister sans que, pour cela, la pensée, le moi, l’âme enfin, soit enchaînée irrémédiablement dans le milieu qu’elle a, dès longtemps et largement dépassé ; pour avoir oublié ces choses, on a supprimé le « libre arbitre ». En même temps cependant (souverain illogisme), on a gardé le droit de punition pour les petits, les faibles surtout, que tout accable. car les grands, les puissants, esquivent presque toujours le châtiment mérité. Et cette même inégalité n’est pas un des moindres griefs contre une société qui la tolère et la favorise.

  1. MM. Jules Soury et Nietsche sont regardés comme les protagonistes les plus logiques et les plus scientifiques de la théorie matérialiste.