« Aussi, logiquement, ne mettons-nous plus l’homme à part comme le faisait Descartes : ce que l’homme conçoit de nos jours, ne va pas plus loin que ce qu’il conçoit machinalement. Autrefois, on donnait à l’homme le « libre arbitre » comme une dotation d’un monde supérieur : aujourd’hui, nous lui avons même pris l’arbitre, la volonté, en ce sens qu’il n’est plus permis d’entendre par là un attribut.
« Qu’est-ce qui est bon ? Tout ce qui exalte en l’homme le sentiment de puissance, la volonté de puissance, la puissance elle-même.
« Qu’est-ce qui est mauvais ? Tout ce qui a racine dans la faiblesse.
« Qu’est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance grandit, qu’une résistance est surmontée.
« Non du contentement, mais plus de puissance ; non la paix avant tout, mais la guerre ; non la vertu, mais la valeur.
« Périssent les faibles et les ratés : premier principe de notre amour des hommes. Et qu’on leur aide encore à disparaître.
« Qu’est-ce qui est plus nuisible que n’importe quel vice ? La pitié pour les déclassés et les faibles[1]. »
C’est en résumé, la proclamation sacro-sainte de « la loi du plus fort est la meilleure », loi qui régit
- ↑ Frédéric Nietsche. L’Anté-Christ.