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Entraîné vers la foire, on dirait sur la route
Qu’il devine son sort.
Il regimbe, il recule, il renifle, il écoute.
Et sent venir la mort.

Quand il domine des cépées
Le frissonnant et vert fouillis,
Les merles, faiseurs d’équipées,
Sifflent : « C’est l’honneur du taillis ! »


XVIII

Le corsaire bronzé rapportait de la Chine,
Après vingt-cinq combats, toute une cargaison :
Ivoires, pierres, thés et porcelaine fine,
— Et ce tissu, léger comme une mousseline,
Si propre aux vêtements pour la chaude saison.
C’était, sans hyperbole, un monceau de richesses
— À remuer avec l’outil du terrassier !…
La fille du corsaire, enfant aux blondes tresses,
N’eut, pour ces vains trésors, ni regards, ni caresses,
Et refusa son cœur à cet appât grossier.
Mais, de ses blanches mains, nouant une guirlande
Avec ces mille fleurs de saphir et de feu,
Saintement à genoux, elle en fit une offrande
Pure comme la Foi qui s’abaisse et demande,
— Sous la voûte mystique où l’on va prier Dieu.