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LCV

J’aime les champêtres effluves :
L’odeur du raisin dans les cuves,
Des blés mûrs au sillon, des pommes au pressoir.
J’aime, quand bouillonne la sève,
Les senteurs que la brise enlève
À la corolle d’or, végétal encensoir !
Des bois, des landes et des chaumes,
Il se dégage tant d’arômes
Que l’on n’y peut songer aux tristes lendemains…
Et l’esprit a le vol plus libre,
Et le sang bout dans chaque fibre
Quand de foin, sur les chars, s’embaument les chemins.
L’hiver, dans l’étable prochaine,
Au râtelier d’aune ou de chêne,
Ces parfums des prés verts demeurent attachés ;
Et les grands bœufs aux fortes hanches,
Au rude poil, aux cornes blanches,
Ruminent indolents, vers la crèche penchés.
À côté, le cheval s’ébroue ;
Plus loin, le dindon fait la roue ;
Au bât prêtant leur dos, les ânes vont partir.
Dans un coin, les lapins se grattent.
Mais au dehors les coqs se battent,
Et de leurs cris aigus la cour va retentir.