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III

Qui peut se dire fort sans avoir combattu ?…
Le plus avancé même en sagesse, en vertu,
Peut fléchir à son heure.
Et le moins sûr de lui, dans quelque grand combat,
Souvent brise l’orgueil d’ennemis qu’il abat,
Ou succombe en géant, si le sort veut qu’il meure.


IV

« Palmyre, entendez-vous, dans la verte ramure,
Des brises du printemps l’aérien murmure ?
— J’aime mieux écouter l’orchestre qui, là-bas,
Enivre de plaisirs la foule en ses ébats.
— Palmyre, voyez-vous briller là-haut sans voile
Ce soleil de la nuit qu’on appelle une étoile ?
— Le moindre diamant vaut bien plus à mes yeux
Qu’un astre au pâle disque allumé dans les cieux.
— Palmyre, voulez-vous, au lever de l’aurore,
Cueillir les fraîches fleurs dont le mont se décore ?
— Non : je me lève tard, et quand j’ai bien dormi,
Je préfère un bifteck au lis épanoui.
— La nature, en un mot, ne me dit rien qui vaille,
Et j’en laisse le culte à qui chante ou rimaille.
— Palmyre, je vous plains !… Adieu, vous que j’aimais !
Mon cœur désenchanté se déprend pour jamais ! »