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Je grandis : ma course rapide
Fuit à travers la steppe aride
Et les bords fleuris tour à tour ;
Et d’un empire où se confondent
Rangs déchus, grandeurs qui se fondent,
Je marque l’extrême contour.
Mais, par l’abîme infranchissable,
Mon vaste cours est arrêté…
De même l’homme, grain de sable,
Disparaît dans l’éternité.


XXV

Deux fleuves me versent leurs ondes ;
Mes sommets portent verts manteaux ;
Mes vastes plaines sont fécondes ;
La vigne enrichit mes côteaux.
Je fus sentinelle et frontière
Incessamment fidèle et fière,
M’offrant moi-même au premier coup.
Je suis la sublime vaincue !…
Je bois la coupe de ciguë,
Chaînes aux mains, chaînes au cou…
Je serai la grande affranchie
Au foyer cher faisant retour ;
L’abus amène l’anarchie
Et les vainqueurs auront leur tour !