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Les lianes dans leur essor ;
L’huile sort de mon fruit brunâtre ;
Mes rameaux secs échauffent l’âtre ;
Mon fût énorme est un trésor.
Enfin, je vis dans la mort même
Sous les outrages du fendeur.
Et l’on m’a choisi pour emblème,
Pour synonyme de grandeur.


IX

Sous les buissons, parmi la mousse,
Sur les talus, dans le gazon,
Gracieuse et frêle, je pousse
Dès que vient la chaude saison.
Ma feuille, en touffes prodiguée,
À goût d’oseille, couleur gaie,
Forme charmante et port coquet ;
Ma fleur, d’un blanc strié de rose,
Affecte sémillante pose
Et l’abeille y fait son banquet.
Mon nom même est une caresse,
Un chant d’amour vers le bon Dieu :
Je suis l’innocente allégresse !
Transplantez-moi donc en tout lieu.