Page:Le roman de Fauvel, par Gervais du Bus, publié d'après tous les manuscrits connus par Arthur Långfors.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
PREMIER LIVRE

Tous les jours la voi si greveir
Que c’est une trop grant merveille
372 Que saint Pere ne s’apareille
De tost secourre a sa nacele,
Qui si horriblement chancele
Que l'estat de crestïentei
376 En doit tout estre espouentei ;
Li gouverneur sont esbloé,
Et sachiés que l’arche Noé,
Quant l’eve couvri terre toute,
380 Ne fut onques en si grant doute
D’estre noiee et desconfite
Com la nacele dessus dite,
C’est a dire Eglise presente
384 Que la nacele represente ;
De toutes pars est en tempeste,
N’a mès en li joe ne feste :
Bien peut par desolacion
388 Chanter la lamentacion
De Jeremie le prophete ;
Je croi qu’elle fut pour lié fete.
La dame des rois et des princes,
392 Princesse de toutes provinces,
Giest au jour d’uy sous le treü
Plus qu’onques mais ne fut veü
Puis que la primitive Yglise
396 Fu essaucie et avant mise.
Fauvel, qui est faus et quassé,
Tout cest brouet li a brassé :
Si com il veut Fortune torne

372 A s’aparaille — 383 La leçon adoptée est dans B seul ; les autres mss. ont l’Eglise (avec article) — 386 A Ja mes n’ara j. ne f., C En el n’a mais j. ne f. — Les v. 395-6 se lisent ainsi dans E :

Puis que l’Eglise primitive
Fu essauciee et mise a rive.