Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/87

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M. le Président. — Il n’est pas poursuivi pour cela.

Me Labori. — Pardon, il est poursuivi pour avoir dit que le second Conseil de guerre a acquitté sciemment un coupable, en couvrant par ordre l'illégalité commise parle premier.

M. Zola. — C’est dans l’assignation.

Me Labori. — M. Emile Zola demande à prouver cette illégalité et il demande à prouver les éléments de fait qui en ont été le point de départ et la cause, cela non plus au point de vue de la connexité ni de l’indivisibilité, puisque la Cour a décidé que les faits qualifiés dans l’articulation n’étaient pas connexes aux faits visés dans la citation, mais au point de vue de sa bonne foi , et au point de vue aussi de la connexité de ces éléments de fait, qui ne sont pas visés dans la notification, avec le paragraphe deuxième des faits relevés dans la citation de M. le Procureur général.

Nous demandons donc à être autorisés à faire la preuve de ces faits, à faire la preuve de l’illégalité dont je parle, illégalité qui ne se place pas seulement au moment où est intervenue la sentence du Conseil de guerre, mais qui se place dans la période même d’information dans laquelle se sont produits des faits de la plus haute gravité que M. Zola demande à établir. Si la Cour, après ces explications que j’ai voulu réduire et celles que j’ai eu l’honneur de lui présenter déjà, estime cependant que, sur ce point, Mme Dreyfus ne peut être entendue, je serai obligé de demander à la Cour la permission de prendre des conclusions dans lesquelles j’indiquerai en détail les questions que je désire voir poser, et je solliciterai de la Cour un arrêt sur ce point.

M. le Président. — Déposez des conclusions... La question ne sera pas posée par moi.

Me Clemenceau. — Je demande à faire une simple observation qui s’adressera surtout à MM. les jurés.

Je suis d’avis qu’il faut se conformer à la loi, quelle qu’elle soit. Ce que je vous prie de retenir, Messieurs les jurés, c’est que M. Emile Zola a écrit un article qui contenait seize pages de la brochure que voici. Sur ces seize pages, le Parquet général, sur l’ordre du Ministre de la guerre, n’en a poursuivi que quinze lignes environ ; et quand nous venons à l’audience, il se trouve que, malgré le choix judicieux de quinze lignes sur seize pages, l’accusation est encore gênée par quelqu’une de ces quinze lignes. On nous dit : « Dans ces quinze lignes, il y en a encore six qu’il faut extraire parce que, si nous les laissions, on ferait des preuves qui nous gêneraient. »

En sorte que nous, nous sommes dans la légalité ; c’est l’accusation qui n’y est pas.

M. le Président. — Ceci n’a pas de rapport avec la question. Au sujet de la question posée par Me Labori, vous n’avez pas d’observation à faire.

Me Clemenceau. — Non, monsieur le Président ; mais j’ai cru