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INCIDENT
Relatif à la lettre d’excuse de Mme de Boulancy.

Voici une lettre de Mme de Boulancy :

J’ai l’honneur de vous prévenir qu’il me sera impossible de me rendre demain lundi à l’audience où je suis appelée comme témoin. Je suis retenue dans mon lit par une affection cardiaque qui me fait beaucoup souffrir en ce moment ; voici du reste le certificat de mon docteur, M. Bas, 4, rue de Berlin.

Je vous prierai de vouloir bien vous en rapporter aux deux dépositions qui sont entre les mains de M. le juge d’instruction Bertulus...

Me Labori. — Monsieur le Président, si vous le voulez bien, en vertu de votre pouvoir discrétionnaire, et en raison de ce que Mme de Boulancy figure parmi les témoins notifiés à M. le Procureur général, nous vous demandons d’ordonner que les dépositions faites devant M. le juge d’instruction Bertulus seront versées aux débats.

J’insiste donc, et en présence de la lettre de Mme de Boulancy, j’ai l’honneur de poser des conclusions pour que les dépositions de Mme de Boulancy devant M. Bertulus soient versées au débat.

M. le Président. — Monsieur l’Avocat général ?

M. l’Avocat général. — Il ne s’agit pas de l’affaire actuelle, l’instruction est en cours.

M. le Président. — Vous entendez ce que dit M. l’Avocat général ; il s’agit d’une affaire en cours pour laquelle le Parquet...

Me Labori. — Comme le Parquet est saisi de toutes sortes d’affaires connexes avec le procès de M. Zola, nous voilà bien tranquilles, et comme les témoins ne veulent pas venir, nous pouvons vouloir la lumière, elle sera complète, si cela continue ainsi pendant deux jours !

Nous n’aurions pas demandé que les dépositions de Mme de Boulancv devant M. le juge d’instruction Bertulus soient versées au débat si un incident ne nous y avait obligés. Nous avons appelé Mme de Boulancy. Il ne suffit pas qu’elle ait déposé devant M. Bertulus pour qu’elle passe à l’état de témoin éternellement muet. Il faut donc qu’on entende Mme de Boulancy.

Les lettres de M. le commandant Esterhazy, dans lesquelles il parle si hautement de la France, et avec un patriotisme que MM. les jurés ont remarqué, elles appartiennent, au point de vue de l’authenticité, au débat actuel. M. le commandant Esterhazy l’affirme ! Et si Mme de Boulancy était là, nous l’établirions.