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En l’espèce, je ne veux même pas savoir si, en droit, ces conclusions sont fondées ; vous nous prévenez qu’elles tendraient à nous amener ici une autre fois, pour une autre accusation : nous acceptons toutes espèces de débats devant la Cour d'assises.

J’ai une autre observation à présenter. J’ai peur que MM. les jurés ne croient que ces incidents, qui ont l'air d'être des incidents de droit, leur passent par-dessus la tête, et qu'ils n’ont pas à s’en inquiéter. Ce serait une erreur. Ces incidents de droit ont une base que vous avez besoin de retenir Ce qu'il faut que vous vous rappeliez des conclusions actuelles, c'est que les experts disent : « On a porté contre nous une accusation grave...»

Vous vous figurez qu’ils ajoutent : « Nous vous demandons la permission de venir nous en laver devant vous ». Pas du tout. Ils disent : « On nous a accusés d’une façon très grave, nous demandons à la Cour d’ordonner que les passages de l’article de M. Zola qui nous accusent soient supprimés. »

Nous au contraire, nous estimons qu’il eût été préférable de dire : « On nous a accusés, nous venons apporter la preuve de notre innocence. »

Me Félix Roussel. — Les experts ont assigné devant le Tribunal correctionnel. Or, on a réédité dans les pièces du procès actuel les accusations et les diffamations dont ils se plaignent devant le Tribunal correctionnel. Les experts demandent, aujourd’hui, la suppression des diffamations contenues dans les écritures de ce procès. Quant à celles qui sont dans le journal l'Aurore, nous nous expliquerons devant le Tribunal correctionnel ; mais, pour l’instant, nous voulons seulement demander à être assistants au procès pour y prendre telles réserves et telles conclusions qui pourront être nécessaires. Nous n’avons pas l’intention d’abandonner notre rôle correctionnel, mais nous avons la prétention de ne pas être rejetés comme témoins pour déposer dans une affaire où nous sommes précisément les adversaires de M. Zola.

M. le Président. — Vous vous opposez à ce que la Cour surseoie à statuer ?

Me Roussel. — La Cour fera ce qu’elle croira devoir faire,

Me Labori. — Il est entendu, d’après les paroles de mon confrère, que les experts ne renoncent pas à nous assigner devant le Tribunal correctionnel, où la preuve n’est pas permise.

M. le Président. — La Cour va en délibérer. L'audience est suspendue.