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plusieurs fois ; le mot note revient également plusieurs fois. Eh bien ! j’ai étudié avec soin toutes ces syllabes et je n’ai jamais vu que deux portions de mots fussent rigoureusement pareilles et qu’on pût se vanter de les superposer. Je crois donc que toutes les hypothèses tirées d’un calque se heurtent à des difficultés matérielles et absolues.

Je ne parle pas ici des arguments qui ne sont pas ceux d’un témoin, qui seraient plutôt ceux d’un avocat: par exemple si Dreyfus avait composé le bordereau à l’aide d’un calque, sachant sur qui il avait calqué, il aurait probablement dénoncé l’auteur de l'écriture, afin de se décharger sur quelqu’un, dont il aurait ainsi fac-similé l’écriture. C’est un argument que je donne pour mémoire et qui ne rentre pas dans l’ordre d’une déposition.

Au point de vue du calque, je n’arrive pas à comprendre du tout comment il l’aurait exécuté ; il avait mille moyens beaucoup plus simples de dissimuler son écriture.

Je termine par un autre argument: le bordereau n’est pas signé ; comment le destinataire pouvait-il savoir d’où venait le bordereau ? Pour le destinataire, la signature, c’est l’écriture ; cela voulait donc dire, pour le destinataire : c’est Esterhazy qui m’envoie le document. Voilà, Messieurs, ce que j’avais à dire

L’audience est levée à cinq heures un quart.