J'ai donc procédé à une information complète pour savoir d'une part si le fac-similé sur lequel je travaillais était conforme à l'original ; d autre part, j’ai essayé de savoir si la reproduction, la Clé de l’affaire Dreyfus, qui donnait l’écriture de M. Esterhazy, si cette écriture était conforme à l’écriture de M. Esterhazy lui-même. Et c’est alors que j’ai pu juger
M. le Président. — Cela ne répond pas à ma question.
M. Franck — C’est par M. Bernard Lazare... (Murmures). Ce n'est pas M. Bernard Lazare qui a contrefait l’écriture de M. Esterhazy !
M. le Président. — Je ne vous posais que cette question rien de plus ; si vous reconnaissez que c’est M. Bernard Lazare, n’en parlons pins.
M. Franck. — Je vous ai indiqué les conditions dans lesquelles j’ai été amené à m’occuper de cette affaire.
Me Labori. — Monsieur le Président, je vous demande la permission d’interrompre la déposition de MM. les experts en faisant entendre aujourd’hui, bien que ce ne soit pas la place à laquelle j espérais le faire entendre, M. Grimaux, membre de l'Institut, professeur à l’Ecole polytechnique. M. Grimaux est pris en ce moment d’un commencement d’aphonie et désire si vivement apporter l’expression de son sentiment à MM. les jurés, qu'il demande à faire sa déposition ce soir, dans la crainte de ne pouvoir la faire demain.
M. le Président. — Nous allons faire enlever le tableau vous n’en avez pas besoin, maître Labori ?
Me Labori. — Pas pour le moment, monsieur le Président.
M. le Président,à l'huissier audiencier. — Appelez M. Grimaux.
Me Labori. — M. Grimaux est ce que l’on peut appeler un témoin de moralité ; je lui demande de vouloir bien nous faire connaître pour quelles raisons il a signé une des listes de protestation qui ont paru et ce qu’il pense de l’affaire qui est actuellement soumise au jury ?
M. le Président. — Vous entendez la question : veuillez vous tourner du côté de MM. les jurés et y répondre.
M. Ed. Grimaux. — Messieurs les jurés, la défense m’a fait citer parce que j’ai signé une pétition à la Chambre des députés, dans laquelle nous disions qu’émus des irrégularités du procès de 1894, du mystère qui a enveloppé le procès Esterhazv, des perquisitions illégales faites chez le colonel Picquart, aussi