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On nous a appris, à tous, à faire un j à boucle. M. Esterhazv, qui a une écriture essentiellement sténographique, ne perd pas son temps a mettre des boucles aux lettres, et si nous examinons le j du bordereau, nous voyons que les j du bordereau sont de simples traits mesurant de 4 à 6 millimètres d'amplitude verticale. Dans le bordereau, je trouve une seule exception : à la ligne 18,je trouve un j à boucle ; sur 6 j que contient le bordereau, 5 sont un simple trait à gauche, et il y a un seul j à boucle le j du mot jour, qui se trouve à la ligne 19.

Je prends alors au hasard une lettre de M. Esterhazv et je trouve que dans cette lettre i y a 34 j ; sur ces 34 j, 32 sont un simple trait oblique a gauche, avec un point sur le j à la mode hongroise et je remarque que 2 j sont à boucle, précisément les 2 jqui se trouvent à la ligne 9 et à la ligne 10 de la page 2, les 2 j du mot jour, précisément comme dans le bordereau ; il ne met de boucle que dans certains cas, par exemple dans le mot jour. Dans le mot jour, il a laissé le signe de facture, pour ainsi dire sa marque de fabrique.

Prenons la lettre m. Dans le bordereau, la lettre m est une lettre essentiellement calligraphique, et je remarque que le caractère calligraphique de l’m se trouve également dans l’écriture de M. Esterhazy. L’m se compose de trois jambages à peu près égaux et aigus. A raison du caractère sténographique de l’écriture de M Esterhazy, on remarque que l’auteur du bordereau comme M. Esterhazy, ne met jamais de trait de départ , tandis qu'on les rencontre toujours chez Dreyfus.

Nous arrivons à l’n du bordereau - Cet n du bordereau, comme l’nde M. Esterhazy, est un n composé de traits centripètes et d'un mouvement destrogyre, et cette combinaison du mouvement centripètes et du mouvement dextrogyre produit ceci, qui est extrêmement caractéristique et qui se retrouve à la fois chez M. Esterhazy et chez l’auteur du bordereau : c’est que l’n a parfois la forme de l’x ; c'est se qu'on appelle en graphologie un «idiotisme scriptural». Eh bien, cet idiotisme scriptural se retrouve dans la lettre de M. Esterhazv à la ligne 9, page 1 : indignes manœuvres. Cette combinaison de traits centripètes et dexrogyres produit l’x ; c’est pour cela qu’Esterhazy confond l’x et l’ n, et réciproquement.

Je ne puis, Messieurs, vous indiquer les caractéristiques de toutes les lettres ; je passerai sous silence les Particularités relartives aux s, vous savez ce qui vous a été dit à cet égard par d'autres témoins. Cependant, Je dois vous rappeler ceci : c'est qu'en raison du caractère dextrogyre de l’écriture du bordereau comme l’auteur du bordereau a son coup de plume tourné vers la droite, il lui est presque toujours impossible de faire le mouvement contraire, tandis que vous, comme moi, avons été habitués a écrire les s avec une sorte de boucle vers la gauche,