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se retrouvent exactement dans l’écriture de M. Esterhazy, dans une proportion identique et dans une uniformité absolue de traits. C’est ce que je vais démontrer.

Prenons d'abord les caractères généraux de l'écriture qui sont extrêmement importants.

Le bordereau se compose de deux feuillets. Le premier part de la ligne 1 jusqu’à la ligne 18, et c’est facile à établir, attendu que l’on voit des juxtapositions de lettres qui ne sont pas exactement bien faites et qui prouvent que cette partie du bordereau a été déchirée jusque-là : à partir de la ligne 19, nous arrivons au second feuillet qui se trouvait au verso de la page suivante [1]

Si nous examinons ce second feuillet a partir de la ligne 19, et si nous traçons une ligne droite, que voyons-nous ? C'est que l’auteur du bordereau écrit en rentrant dans la ligne, il rentre à droite ; si nous prenons l’écriture de M. Esterhazy et si nous traçons une ligne marginale, nous voyons que M. Esterhazy rentre aussi dans la ligne, en commençant et au fur et à mesure que l’alinéa s’achève Si nous prenons par hasard l’écriture de Dreyfus, nous trouvons le contraire, il passe à gauche, tandis qu’Esterhazy passe à droite.

M. le Président. — Ne parlez pas de Dreyfus, ne parlez que d’Esterhazy.

M. Franck. — Parfaitement. Je constate que 1 écriture du bordereau et l’écriture d’Esterhazy présentent ce caractère d’identité absolue qu’on ne retrouve pas ailleurs.

Autre observation : Quand l’auteur du bordereau commence un alinéa, il ne laisse aucun blanc, et si vous examinez l’autre partie de la Clé de l’affaire que nous appellerons la Clé de l'affaire Esterhazy, puisqu’on ne peut pas dire la Clé de l’affaire Dreyfus, vous constatez que l’écriture du bordereau ne laisse pas de blanc en commençant l’alinéa. Prenez ce dernier document, il n’y a pas de blanc. Prenez, par exemple, à la page 3 ligne 14 : Vous me parlez des héritiers, il n’y a pas de blanc au commencement de l’alinéa. Par conséquent, second caractère d’identité, pas de blanc au commencement de l’alinéa.

Mais si vous prenez la fin de la lettre de M. Esterhazy, de ce monsieur qui ne laisse pas de blanc au commencement de ses alinéas, vous découvrez que vers la finale de la lettre, il laisse-un très grand blanc entre les dernières lignes. Esterhazy, a la ligne 7 de la page 4, par exemple, laisse aussi un blanc, et un très grand blanc. A cet alinéa final : Veuillez croire, Monsieur, à mes sentiments distingués, il laisse un blanc, alors qu’il n'en laisse jamais au commencement de ses alinéas. Or, si vous prenez le bordereau, vous retrouverez le même signe d’identité

  1. Voir, à la fin du deuxième volume, les fac-similés du bordereau, des lettres de M. le commandant Walsin-Esterhazy et de M. A. Dreyfus