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hésitation ; or, cette hésitation n’existe pas dans le bordereau.

En un mot, pour conclure, en mon âme et conscience, après avoir étudié, non seulement le bordereau, mais tout ce que j’ai pu me procurer de fac-similés d’écritures du commandant Esterhazy ; après avoir notamment examiné les formes de l'écriture des lettres et l’écriture du bordereau, je crois pouvoir affirmer, en mon âme et conscience, que dans ces lettres j’ai retrouvé toutes les formes principales physiologiques que j’avais retrouvées dans le bordereau, dans l’écriture du commandant Esterhazy.

M. le Président. — Vous n’avez eu que des fac-similés, aussi bien de l’écriture du commandant Esterhazy que du Bordereau ?

M. A. Molinier. — Bien entendu.

M. le Président. — Vous n’avez eu aucun original ?

M. A. Molinier. — Je n’ai pas eu d’originaux ; je n’ai pas vu l’écriture du commandant Esterhazy.

M. le Président. — A la requête de qui avez-vous fait cet examen ?

M. Molinier. — Personnellement, car cette affaire m’intéresse, comme tous les Français.

M. le Président. — Maître Labori, avez-vous des questions à poser ?

Me  Labori. — Je voudrais, monsieur le Président... d’ailleurs MM. les jurés entendront tout à l’heure les experts qui ont vu les originaux ; au besoin je soumettrais immédiatement ces originaux à M. Molinier si c’était nécessaire — je voudrais prier M. Molinier de vouloir bien continuer à suivre les débats, et si des contestations se présentaient, nous soumettrions les originaux.

En ce qui me concerne, je ne crois pas devoir sortir les originaux qui sont dans mes dossiers sans qu’ils soient tout d’abord reconnus par M. Esterhazy lui-même.

Eh bien ! je demande à M. le Président de vouloir bien demander au témoin si les fac-similés dont il s’est servi n’étaient pas très suffisants pour établir ses conclusions ?

M. A. Molinier. — Je parlerai tout d’abord des fac-similés des lettres du commandant Esterhazy : ces fac-similés sont zincographiés ; ils viennent d’une photographie par conséquent. Or, bien qu’on ait dit le contraire dans la journée, une photographie peut trahir et ne pas donner exactement la forme. Je démontrerai que j’ai laissé de côté tous les signes de l’écriture qui peuvent être altérés d’une façon quelconque. Mais j’affirme que ces signes, notamment les doubles s, subsistent à travers vingt fac-similés faits les uns sur les autres.

Je dirai ensuite qu’à l’époque où je faisais mes études à l’Ecole des Chartes, c’est-à-dire en 1869, j’ai eu, pour étudier le Moyen-Age, des fac-similés beaucoup plus importants et qui étaient dessinés à la plume par des artistes très inférieurs :