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encore, je préférerais les clichés en verre, les négatifs, parce que... Oh ! ce n’est pas que je suspecte le moins du monde la bonne foi de ceux qui fourniraient ces fac-similés, mais enfin ! Il faut s’entourer toujours de toutes les garanties... Quand on fait un tirage d’une photographie, on a toujours fait un négatif : il vaut autant apporté le négatif. Car, si vous examinez sur le négatif vous verrez du côté de la gélatine s’il a été retouché ou non Pour moi, le cliché de verre vaut l’original - sauf sur un point : la nature du papier, qu’on ne peut pas reconnaître sur un cliché - on pourrait alors constater s’il y a dissemblance ou différence entre l’original, représenté par la photographie et les fac-similés qu’on a publiés. Eh bien ! je le déclare franchement et je compléterai tout à l’heure cette décoration : si on me les fait voir, s’il est vrai que les fac-similés au procédé Gillot publiés dans le Matin sont mauvais, je le dirai franchement.

Au fond je n’ai pas d’opinion arrêtée sur le fond de l’affaire dans laquelle je viens témoigner ; j’attends. Mon opinion se forme peu à peu. Si donc je voyais qu’il y a réellement une différence je dirais au témoin dont j’ai discuté l’assertion : Vous aviez raison, je suis collé, absolument.

Mais si le témoin qui dit : « Ces fac-similés qu’on a publiés ressemblent à des faux», refuse d’apporter la preuve que je demande, alors je dirai que j’ai raison, qu’on n’a rien prouvé contre moi.

Maintenant, je voulais ajouter quelques mots pour bien indiquer…

M le Président. — Il ne faut pas lire.

M Paul Meyer. — Je ne lis jamais, monsieur le Président, Seulement je suis professeur, et comme je suis très peu pourvu de mémoire, je suis toujours obligé de noter, par un mot ou deux, les idées que je veux exprimer.

Eh bien ! je veux vous indiquer en quelques mots l'esprit que j’apporte ici : je ne suis pas de ceux qui arrivent ici avec leur siège fait comme l’abbé de Vertot à qui on disait : « Eh bien voici des documents sur le siège de Rhodes. » — Et il répondait : « Trop tard, mon siège est fait. » Je ne suis pas dans ces idées-là : je suis disposé à former mon opinion d'après les faits. De plus ce qui m’intéresse le plus ici, ce sont les questions de procédés employés pour arriver à la vérité les questions de méthode. Je vois là une matière à recherches scientifiques, recherches qui, dans cette affaire, ne me paraissent pas avoir été conduites avec l’esprit suffisamment dégagé de préoccupations.

Il y a vraiment trop de personnes qui ont leur siège fait, et a mesure nue nous avançons et que je puis lire les dépositions qui ont précédé la mienne, j’éprouve souvent un sentiment de tristesse en voyant combien on s’entête dans des opinions qui souvent portent sur des questions secondaires, questions qui peuvent être résolues sans grande importance dans un sens ou