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niques. Il faut être ignorant des procédés de reproduction pour dire qu’on altère un cliché. On n’altère pas plus un cliché de ce genre qu’on n’altère un cliché photographique. Quelle retouche aurait-on pu faire subir ? Il aurait fallu effacer des mots entiers et les remplacer par d’autres mots.

Mais, je le répète, les faits ont la vie dure, ils ont le temps de vivre, et la vérité de ce que je dis finira par éclater à un moment donné.

Me  Cémenceau. — Je voudrais faire préciser par le témoin deux dates. Quel jour le témoin a-t-il déposé son rapport ?

M. Crépieux-Jamin. — Le 12 août.

Me  Clémenceau. — Quel jour est-il arrivé au bord delà mer, chez M Teyssonnières ?

M. Crépieux-Jamin. — Le 23 août.


DÉPOSITION DE M. PAUL MEYER
Membre de l’Institut, professeur au Collège de France,
Directeur de l’École des Chartes.

(Le témoin prête serment.)

Me  Labori. — Je voudrais d’abord répéter à MM. les jurés que M. Meyer est directeur de l’Ecole des Chartes, membre de l’Institut, professeur au Collège de France.

M. le Président. — C’est ce que le témoin vient de dire.

Me  Labori. — Après avoir répété ceci, que j’ai cru utile, je vais lui poser une question : Est-il Israélite ?

M. P. Meyer. — Je comptais dire un mot là-dessus.

Il est exact qu’en 1883, lorsque j’ai eu à l’Institut, l’année où j’y suis entré, le grand prix biennal, M. Drumont, en trois pages odieuses de la France juive (la seule d’ailleurs qui se soit vendue) a déclaré que j’étais le fils d’un juif allemand et que c’était pour cette raison que j’avais eu ce prix, le seul qui soit décerné par l’Institut entier, toutes classes réunies. J’ai écrit à M. Drumont et au Temps pour démentir la chose.

Je suis né à Paris, de parents français. Mon grand-père du côté de mon père était de Strasbourg, c’est ce qui explique mon nom alsacien.

J’ai été baptisé à Notre-Dame ; j’ai fait ma première communion à Saint-Sulpice ; j’ai confirmé à Saint-Sulpice : j’ai même été élève du catéchisme de persévérance de Saint-Sulpice jusqu’à l’âge de seize ans.

Il est fâcheux que, sans preuves, on imprime que je suis d’une autre religion ou que j’ai changé de religion, ce que je déclare n’avoir pas fait et n’avoir pas l’intention de faire.

Je fais cette déclaration pour épargner des lignes inutiles à des journaux auxquels je serais obligé d’adresser des lettres rec-