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RAPPEL DE M. LE GÉNÉRAL GONSE

M. le Président, au général Gonse qui s’est approché de la barre. — Monsieur le général Gonse, vous demandez à être entendu, sur quel point ?

M. le général Gonse. — Monsieur le Président, c’est à propos de la déposition de M. Jaurès. Dans sa déposition, M. Jaurès a dit que l’Etat-major de l’armée avait fait passer au commandant Esterhazy une pièce secrète qui devait être un cordial, c’est-à-dire un encouragement, si j’ai bien compris ; il a ajouté qu’on n’avait pas voulu faire la lumière sur ce point ou, du moins, qu’on n’avait pas voulu faire une enquête sur ce point, parce que l’Etat-major général de l’armée voulait éviter la lumière.

Je proteste de la façon la plus complète et la plus énergique contre cette affirmation ; non seulement nous ne craignons pas la lumière, mais nous la désirons vivement et, pour ma part, j’y aiderai le plus que je pourrai. Dans l’enquête préliminaire qui a été faite à propos de l’affaire Esterhazy, on a cherché, on a commencé à ouvrir la voie pour retrouver comment cette pièce avait été mise entre les mains du commandant Esterhazy.

Mais comme l’enquête a été faite très rapidement, on n’a pas pu arriver jusqu’au bout et la lumière n’était pas faite complètement. Je répète que nous la désirons vivement et, si je puis y aider, ce sera un grand soulagement pour nous, d’autant plus que cette pièce, qui était dans un dossier secret, dont on vous a parlé déjà, est passée entre plusieurs mains, ou du moins le dossier qui comprend cette pièce est passé entre les mains du colonel Henry, de M. Gribelin qui avait la clef de l’armoire dans laquelle il se trouvait, entre les mains de M. le colonel Picquart et entre les miennes. Eh bien ! je connais le colonel Henry, j’en réponds comme de moi-même ; il en est de même de M. Gribelin dont je vous ai parlé ici ; quant à moi, je n’en parlerai pas, bien entendu.

La fin de ma déclaration sera une protestation énergique contre les allégations qui ont été présentées ici.

Il y a un deuxième point sur lequel on me fait parler d’une façon inexacte et que je demande à rectifier. Lorsque je parlai de l’envoi en mission de M. le colonel Picquart en novembre 1896, j’ai dit qu’il avait été envoyé en mission d’après les ordres du Ministre de la guerre parce qu’il était toujours hanté de son idée du procès Dreyfus-Esterhazy et que, par conséquent, il fallait changer le cours de ses idées, et j’ajoutai qu’il avait été jusque-là un très bon officier et que, par conséquent, on espérait qu’une mission modifierait ses sentiments et surtout rectifierait son jugement ; j’ajoutais également qu’il avait été un très bon officier et qu’il serait susceptible dans l’avenir, de continuer à être un très bon officier.