Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/484

Cette page n’a pas encore été corrigée

duit ici, en vertu d’un système, ce fait que, sur ce point, on nous met dans l’impossibilité de nous défendre. Si nous apportons des affirmations à propos du bordereau, affirmations fondées sur l’examen des fac-similés que nous produisons, on parle d’inexactitude, on parle de faux. Eh bien ! moi, je dis que s’il y avait inexactitude, que s’il y avait faux, messieurs les jurés, comme le gouvernement désire beaucoup que la lumière se fasse si nous sommes coupables, on les prouverait contre nous, ces faux, et on apporterait le bordereau ; si on ne l’apporte pas, c’est qu’il est identique aux fac-similés.

Un point, c’est tout ! Je ne demande plus rien, mais jusqu’à nouvel ordre, je n’accepterai plus, quant à moi, sans protester, qu’on parle de fac-similés qui ne ressemblent pas au bordereau. Le bordereau ou les fac-similés, c’est la même chose, je l’affirme. (Murmures.) Oh ! la salle peut protester, cela ne m’inquiète pas !

M. le Président, au témoin. — Vous pouvez vous retirer.

Me  Labori. — Oh ! monsieur le Président, j’insiste au point de vue du secret professionnel, derrière lequel s’est retranché le témoin ; j’aurai des conclusions à faire passer à la Cour.

DÉPOSITION DE M. BELHOMME
Expert écrivain.

M. Belhomme. — Je me trouve dans la même position que M. Couart, qui vient de comparaître à cette barre, en raison de ma qualité d’expert-écrivain, à raison du huis clos, à raison encore de ce que je suis plaignant devant une autre juridiction, ce qui me crée une position…

M. le Président. — Permettez... Je suis obligé tout d’abord de vous faire prêter serment à peine de nullité. Vous allez donc prêter serment, et ensuite vous vous retrancherez derrière le secret professionnel, si vous voulez.

M. Belhomme. — Je vais donc prêter serment, mais, bien entendu, sous la réserve que je viens d’indiquer.

M. le Président. — Parfaitement.

(Le témoin prête serment.)

Me  Labori. — Monsieur le Président, voudriez-vous demander au témoin quelle est la question qui a été posée aux experts en écritures dans l’affaire Esterhazy ?

M. le Président. — Pas à l’audience ?

Me  Labori. — Non, avant l’audience.

M. Belhomme. — La réponse se trouve dans le rapport de M. Ravary. On nous a demandé purement et simplement : Le commandant Esterhazy est-il l’auteur du bordereau ? Et nous avons répondu à l’unanimité : Non.

Me  Labori. — Est-ce que le témoin peut nous dire si le bordereau a été écrit à main courante ou s’il a été décalqué ?