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mères en fût informé ; pour M. Teyssonnières d’abord, pour la vérité ensuite, si M. Teyssonnière avait quelque chose à dire. Seulement, je crus devoir agir avec une certaine circonspection, parce qu’enfin !... M. Teyssonnières me permettra de le dire, jusque-là, ma conviction avait été entière ; mais je commençai à être un peu préoccupé. J’y mis certaines précautions ; il me les pardonnera si elles étaient injustes. Ce n’est pas à lui que j’écrivis directement ; j’écrivis à M. Descubes, à celui qui, à l’origine, avait été l’intermédiaire entre nous lorsque ce député était venu me demander de recevoir M. Teyssonnières.

J’écrivis donc à M. Descubes et je lui dis les rumeurs qui circulaient et qui pouvaient devenir très inquiétantes pour M. Teyssonnières, si elles entraient dans la publicité ; je lui dis que j’étais tout disposé à recevoir M. Teyssonnières si celui-ci croyait avoir des justifications à fournir, justifications que je me serajs chargé volontiers moi-même d’apporter au gouvernement pour écarter ses soupçons. J’ajoutai que je serais même bien aise que M. Descubes voulût bien, à l’avenir, assister à l’entretien que je me proposais d’avoir avec M. Teyssonnières. M. Descubes me répondit le 26 janvier qu’il comprenait l’importance de cette communication, qu’il aliait s’empresser d’écrire à M. Teyssonnières, qu’il espérait bien que M. Teyssonnières s’empresserait d’accourir, que lui-même probablement l’accompagnerait à mon cabinet. Depuis cette époque (26 janvier), je n’ai plus reçu aucune nouvelle, ni de M. Descubes, ni de M. Teyssonnières.

Voilà, Messieurs, le très exact récit des faits, en ce qui concerne mes relations avec M. Teyssonnières.

M. le Président. — Monsieur Teyssonnières, avez-vous à présenter des observations ?

M. Teyssonnières. — Oui, monsieur le Président.

Voici l’histoire exacte de ce que M. Trarieux a appelé le dossier. On nous avait assigné, le 29 novembre, à dix heures du matin, pour déposer nos rapports. Nous ignorions complètement quelles pouvaient être les opinions personnelles de chacun, attendu que M. le Préfet de police nous avait priés, et nous avait même fait promettre, sur notre honneur, que nous ne communiquerions aucune impression.

Je me rendis à l’heure exacte (dix heures) à la Préfecture de police pour déposer mon rapport ; je ne trouvai aucun de mes confrères. J’appris, lorsque j’entrai, qu’il y en avait un qui avait déposé son rapport le samedi et qu’un autre venait de le déposer il y avait une demi-heure. Il y a eu des scènes qui m’ont été répétées. — On parut très étonné de ma conclusion aussi ferme. Je portais ma serviette, dans laquelle il y avait mon rapport et les photographies des documents qui nous avaient servi pour travailler, attendu que tous les jours, à dix ou onze heures du matin, nous venions à la Préfecture de police contrôler sur le bordereau original le travail que nous avions pu faire au moyen des photographies.