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dans tous les détails les paroles de M. le général Iung, qui était un collègue, un ami pour lequel j'avais une grande estime.

Le sens général des déclarations qu’il a faites à mes collègues, à beaucoup de ses amis, était qu'il avait une suspicion absolue sur le procès de 1894. Le gênerai Iung a employé une expression que je ne prendrai pas pour mon compte, mais qui était la sienne sur ce qui avait été fait dans les bureaux de la Guerre: il disait très nettement que c’était abominable!

M. Le Président. — Maître Labori, avez-vous d’autres Questions? Et vous, maître Clemenceau?

Au témoin. — Vous pouvez vous asseoir.

DÉPOSITION DE M. YVES GUYOT
Publiciste, ancien Ministre

(Le témoin prête serment.)

M. le Président. — Maître Labori. quelle est la question?

Me Labori. — Je prierais M.Yves Guyot de vouloir bien nous dire s'il a eu une conversation avec M. Bertillon et quelle a été cette conversation?

M. le Président. — Vous avez entendu?

M. Yves Guyot. — Parfaitement, monsieur le Président.

Messieurs les jurés.

J'ai depuis longtemps des relations avec la famille Bertillon. Je connaissai M. Bertillon père comme statisticien; il était professeur de démographie à l'Ecole d’anthropologie, dont je suis président honoraire.

Je suis lié avec M. Jacques Bertillon, le directeur de la statistique municipale, et il m'a succédé comme président de la Société de statistique.

J'ai aidé M. Alphonse Bertillon, quand j’étais conseiller municipal, à établir son service d’anthropométrie à la Préfecture de police; je l’ai aider à triompher des résistances qu'il rencontrait dans la vieille police, parce que je trouvais qu’il valait mieux mensurer les gens que de les passer à tabac.

Il en résulte que j’ai conservé des relations avec M Alphonse Bertillon et, qu'au cours de ces dernières années, je l’ai vu plusieurs fois.

Un jour, M. Alphonse Bertillon me parIa de son rôle dans une cause célèbre. Je lui dis : « Je ne veux pas de secrets, parce que je ne veux pas m'engager à les conserver; mais, si vous voulez me je suis tout disposé à vous écouter. »

J'avoue que je n'ai aucune compétence en expertise d’écriture, et M. Alphonse Bertillon voulut bien me donner une leçon. Il m apprit qu'il y avait deux sortes d’écritures: l’écriture sinistrogyre et l’écriture dextrogyre. Il parait que, dans l'écri-