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M. Bertillon. — Le principe? Certainement non, je ne l’ai pas fait; je me suis défendu contre les imputations de Bernard Lazare et Cie souvent; cela oui; mais on m’a prêté les propos les plus saugrenus.

Me Clémenceau. — M. Bernard Lazare n’est pas avocat à la Cour de Paris. Je vais reprendre ma question :

Le témoin a-t-il, pendant vingt minutes, cause du principe de son système avec un avocat à la Cour d’appel de Paris que je peux nommer?

M. Bertillon — Quand vous préciserez votre question, je pourrai préciser mes souvenirs.

Je vous ai dit et répété qu’on ne peut parler de l'affaire Drevfus en toute connaissance de cause et d’une façon compréhensible et admissible qu’avec les pièces de comparaison sous les yeux; et en dehors de cela, on ne peut en parler, on jette le doute dans les esprits.

Evidemment... depuis trois ans... si vous saviez ce que j'ai été l’objet de tracas de toutes sortes ; on pose des questions insidieuses; on vous accuse de ceci, de cela ! Combien ai-je eu d’amis avec lesquels j’ai eu des refroidissements d'amitié a cause du rôle qu’on m’a prêté dans cette affaire! Je vous assure, allez ce n’est pas... ma conscience est tranquille, mais j’ai eu bien souvent à souffrir du rôle que j’ai eu à jouer depuis trois ans.

Enfin, on me transforme en accusé ici! Cela n'a rien à Faire avec le procès de M. Zola.

Me Clémenceau. — On m’a dit de préciser ma question, je vais la préciser : Le témoin a-t-il, pendant vingt minutes, causé avec notre confrère Decori, avocat à la Cour d’appel de Paris, du principe de son système?

M. le Président, au témoin. — Ainsi, maintenant on vous dit simplement ceci : « Avez-vous causé avec Me Decori de votre système ? »

M. Bertillon. — Je n’ai certainement pas fait connaître le principe Ah! il est possible que j’aie parlé à Me Decori, comme à beaucoup d’autres, de l’affaire Dreyfus et des demandes qu’on m’a faites à ce sujet.

Me Clémenceau. — Est-ce que le temoin ne se souvient pas d’avoir fait monter le confrère dont je parle au service anthropométrique?

M. le Président. — Vous entendez la question?

M. Bertillon. — J’ai le souvenir d’avoir reçu plusieurs fois la visite de Me Decori.

Me Clémenceau. — Nous allons passer à un autre ordre d’idées.

Si demain on découvrait en France un nouveau traître et si l'on demandait à M. Bertillon de démontrer la culpabilité de ce nouveau traître par une expertise de la même nature que celle dont on parle, le système de M. Bertillon pourrait-il s'appliquer à ce nouveau traître et à son écriture?