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que ces pièces avaient été faites avec les produits de mon laboratoire. Ces documents restent donc la propriété du ministère de la guerre; j’en suis détenteur par occasion. En réalité j’aurais dû les déposer au greffe du ministère de la guerre.

Je ne suis qu’un témoin, je ne suis pas chargé de faire les commissions.

Me Clémenceau. — J’ai écouté avec plaisir les explications du témoin. M. Bertillon nous a dit avant-hier soir qu’il ne pouvait pas nous produire les pièces et les apporter sans l’autorisation de ses supérieurs hiérarchiques. Il a ajouté alors: « Mes supérieurs sont le Préfet de police et le Ministre de la guerre. » Ce point était important; car c’est le Ministre de la guerre qui nous poursuit dans le procès actuel. C’est alors que M. le Président a dit au témoin: « Voulez-vous, d’ici à lundi, demander à vos supérieurs l’autorisation d’apporter ces pièces et vous nous répondrez. »

Aujourd’hui, M. Bertillon nous dit qu’il n’a pas obtenu ces pièces. Je lui demande, vu la gravité de la situation, de nous faire savoir dans quelles conditions il les a demandées, et dans quelles conditions elles lui ont été refusées.

M. Bertillon. — J’ai répondu à cette question.

Me Clémenceau — Non. Je la répéterai.

Pour demander ces pièces, M. Bertillon a dû matériellement faire quelque démarche; il s’est rendu chez le Ministre de la guerre et a dû parler à quelqu’un qui lui a répondu quelque chose. Je demande dans quelles conditions il s’est rendu chez le Préfet de police, ce qu’il a dit au Préfet de police et ce que le Préfet de police lui a répondu. Je lui demande dans quelles conditions il s’est rendu ensuite chez le général Billot, s’il a vu le gênerai Billot, ce qu’il a dit au général et ce que celui-ci lui a répondu? Est-ce que M. Bertillon comprend?

M. Bertillon. — Je crois avoir expliqué suffisamment que j'ai agi comme particulier vis-à-vis du ministère de la guerre.

Me Clémenceau. — Vous ne répondez pas à ma question.

M. le Président. — On vous demande quelles sont les démarches que vous avez pu faire pour obtenir les pièces dont il avait été question samedi, et que vous demandiez pour pouvoir faire votre déposition?

M. Bertillon. — J’ai réfléchi à la situation et je me suis rendu compte que ces clichés étaient la propriété du ministère de la guerre.

Me Clémenceau — Alors, contrairement à ce que le témoin a affirmé tout a l’heure, on ne lui a pas défendu de produire ces pièces?

M. Bertillon. — On ne m’a rien défendu du tout.

Me Clémenceau. — Alors, le témoin n’a vu personne?

M. Bertillon. — Je n’ai vu personne. J’ai consulté la situation.

Me Clémenceau. — Alors, le témoin, contrairement à ce qu’il