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Voici également la dépêche reçue de M. Papillaud :

Beaulieu (Alpes-Maritimes).

En convalescence ici, je lis déposition Jaurès : ai déjà démenti dans Libre Parole. Vous prie, monsieur le Président, de bien vouloir excuser mon absence et donner au jury lecture de la déclaration suivante :

Jamais je n’ai tenu les propos rapportés par Jaurès; jamais je n'ai entendu Esterhazv tenir pareil langage. Un jour, Esterhazy dit devant moi : « On m’a cru perdu à cause de la ressemblance d'écriture, si ressemblance il y a. Prouverai que Dreyfus a calqué mon écriture. » Je vis Esterhazv sept fois : jamais je ne lui ai entendu faire une autre déclaration. Je proteste donc contre le récit Jaurès qui constitue un véritable faux, d’autant plus blâmable que, malade ici, je ne peux pas me présenter devant la Cour. Je compte sur vous, monsieur le Président, pour rétablir la vérité et vous prie d agréer l’assurance de mes sentiments distingués.

Maître Labori, je vais vous donner communication de ces deux pièces.

Me  Labori. — Monsieur le Président, nous recevons ces pièces et nous ne nous plaignons nullement qu’elles soient versées aux débats. Je me permets seulement de vous faire observer qu’elles n’ont pas été notifiées, et nous demandons, pour les pièces qui émaneront de nous, le même privilège.

M. le Président. — Ce ne sont pas des pièces du débat.

Me  Labori. — Mais, si au cours du débat, nous recevons des pièces de même nature, nous demandons à M. le Président de vouloir bien en donner lecture.

M. le Président. — J’en ai donné donné lecture en vertu de mon pouvoir discrétionnaire.

Me  Labori. — C’est, monsieur le Président, à votre pouvoir discrétionnaire que nous ferons appel.

DÉCLARATION DE Me  LABORI
Relative à la publication dans la « Libre Parole » d’un article calomnieux le concernant.

M. le Président, à l'huissier audiencier. — Faites appeler le premier témoin.

Me  Labori. — Pardon, monsieur le Président, voulez-vous me donner un instant la parole pour donner à MM. les jurés une explication personnelle que je crois nécessaire ?

Certains journaux ne se contentent pas d’attaquer M. Emile Zola, d’attaquer la défense elle-même, par des appréciations, qu’on peut toujours laisser passer, quelque injurieuses qu’elles soient, parce qu’elles peuvent s’expliquer, soit par l’erreur, soit par la prévention, soit même par des passions malheureuses, mais honorables et légitimes; ces journaux ont recours en outre à la publication de faits calomnieux. Ces faits sont de nature à