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m’ont été données comme pièces de conviction, il y a trois ans.

M. le Président. — Vous rappelez-vous quelles sont ces pièces?

M. Bertillon. — Elles portent une série de numéros, de 1 à 30...

M. le Président. — Y avait il des lettres de Mathieu Dreyfus?

M. Bertillon. — Il y en avait trois ou quatre.

Me Clemenceau. — Eh bien! nous savons déjà qu’il s’agit de trois ou quatre lettres de M. Mathieu Dreyfus; peut-on dire ce qu’elles contenaient?

M. le Président. — Et les autres ?

M. Bertillon. — Ce sont des notes de service, des brouillons, des minutes... je ne connais pas leur contexte... des rapports administratifs...

M. le Président. — Et ces rapports que vous appelez administratifs, vous rappelez-vous s’ils ont été joints au dossier Dreyfus ou s’ils ont été classés parmi les pièces administratives?

M. Bertillon. — Ils ont été joints à la procédure, c’est absolument certain.

Me Labori. — Est-ce au point de vue des écritures, est-ce au point de vue graphique que le témoin a besoin de ces pièces pour sa démonstration?

M. Bertillon. — C’est entrer de nouveau dans le corps de ma démonstration; je vous l’ai dit, je la présenterai en entier ou pas du tout.

Me Labori. — Il n’est pas possible que l’honorable M. Bertillon oublie qu’il dépose ici devant la justice...

M. Bertillon. — Je déclare que c’est impossible; et si un jour je puis faire cette démonstration, vous vous rendrez compte qu’en effet, j’ai besoin des documents pour faire coprendre...

M. le Président. — Nous sommes en matière d’identité judiciaire; il y aurait, d’après vous, une certitude absolue!

M. Bertillon. — Je la regarde comme supérieure en certitude à un signalement anthropométrique; c’est une démonstration spéciale à ce cas tout à fait spécial.

Me Labori. — M. Bertillon est un homme fort intelligent et il est impossible qu’il se refuse à nous parler non pas de la démonstration qui nous occupe, mais de sa méthode; c’est à ce point de vue là même que je le questionnerai. Ici, je suis bien tranquille; nous sommes dans le domaine abstrait de la science, non plus dans le domaine de l’affaire Dreyfus ou de l’affaire Esterhazy. Je lui demande s’il ne peut pas nous faire connaître sa méthode, puisqu’il est entendu que l’expertise en écritures est sans valeur quand elle est seule. Le témoin veut-il nous dire sur quoi il base son complément de démonstration ?

M. Bertillon. — Je ne peux pas faire un cours d’expertise de