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M. Bertillon. — Livrez-la moi et je vous le dirai.

Me Clémenceau. — M. Bertillon veut-il donner à M. le Président une liste des documents qui sont nécessaires à ses démonstrations ? Nous tâcherons d’avoir ces documents et nous verrons alors si M. Bertillon peut faire sa démonstration.

M. le Président. — Vous n’allez pas encore recommencer à déposer des conclusions dans le même sens?

Me Clémenceau — Ce n’est pas là un secret d’État!

Nous avons ici un expert, et un expert important; c’est lui qui a installé le service anthropométrique au Palais; nous avons, je crois, le droit d’insister pour qu’il donne des renseignements.

M. Bertillon est l’expert du Parquet; ce n’est pas un expert choisi par nous, c’est notre ennemi que nous avons fait citer; nous vous supplions de l’entendre.

M. le Président. — Je vous répéterai toujours la même chose : l’article 52 de la loi de 1881 est formel.

Me Clémenceau — Je dis, cette fois, qu’il s’agit de papiers qui ne font pas partie des dossiers visés par l’arrêt de la Cour. Il est impossible que dans des dossiers mystérieux visés par l’arrêt de la Cour, il y ait des lettres signées de M. Mathieu Dreyfus qui soient relatives à un fusil de chasse.

M. le Président. — Vous n’êtes pas sûr qu’elles sont dans le dossier... Il faut que nous sachions où elles sont...

Me Clémenceau. — Aussi nous disons : monsieur le Président veut-il demander au témoin où sont les pièces qui lui paraissent nécessaires à sa démonstration?

M. le Président, au témoin. — Sont-ce des pièces qui fassent partie soit du dossier Dreyfus, soit du dossier Esterhazy?

M. Bertillon. — Evidemment du dossier Dreyfus.

M. le Président. — Font-elles partie intégrante du dossier ?

M. Bertillon. — Je ne sais pas.

M. le Président, à Me Clémenceau. — Nous ne pouvons faire ouvrir ni le dossier Dreyfus, ni le dossier Esterhazy.

Me Clémenceau. — Si M. Bertillon veut bien nous dire quelles pièces il désire, quand nous aurons ce renseignement entre les mains, nous déposerons des conclusions pour obtenir la production de ces pièces. Si elles ne sont pas dans les dossiers secrets, la Cour autorisera la production.

M. le Président. — Mais nous ne savons pas où elles sont!

Me Clemenceau. — Aussi je reviens toujours à ma question : M. Bertillon veut-il avoir l’obligeance de nous indiquer les pièces dont il a besoin pour faire la démonstration dont il a parlé?

M. le Président. — Et, alors, vous vous chargez de les apporter?

Me Clemenceau. — Nous ferons notre possible.

M. le Président. — Monsieur Bertillon, vous entendez la question? Quelles sont les pièces dont vous avez besoin pour faire votre démonstration?

M. Bertillon. — Ce sont les pièces qui ont été saisies et qui