Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/399

Cette page n’a pas encore été corrigée

ciemment tous les désastres de la Patrie. (Bruit.) Aussi, on peut le poursuivre et le traquer, mais je crois traduire le sentiment des citoyens libres en disant que devant lui nous nous inclinons respectueusement. (Mouvement prolongé .)

INCIDENT
Demande d’apport du bordereau Dreyfus-Esterhazy.

M. le Président. — Maître Labori, quel témoin voulez-vous faire entendre ?

Me Labori. — Vous pourriez faire appeler M. Bertillon, monsieur le Président.

M. l’Huissier audiencier. — M. Bertillon est à son bureau, on est allé le chercher.

Me Labori. — Alors, monsieur le Président, nous pourrions peut-être vider un incident que certainement la présence de M. Bertillon va faire naître.

Nous abordons maintenant la discussion du bordereau. M. le général de Pellieux, seul d’ailleurs de tous ceux qui ont vu le bordereau, a apporté à cette audience une déclaration qui rend absolument nécessaire, pour la discussion, la production aux débats du bordereau original. Gomme ce bordereau ne concerne en rien la défense nationale, que nous en avons notifié des copies et même des fac-similés à M. le Procureur général, qu’en conséquence, à aucun degré ni à aucun titre, l’article 52 de la loi de 1881 ne peut nous être objecté pour nous empêcher de demander la mise aux débats de cette pièce, j’ai l’honneur de déposer sur le bureau de la Cour les conclusions suivantes qui tendent à sa production...

M. le Président. — Mais la Cour a déjà répondu... La Cour a rejeté la demande de production des dossiers Dreyfus et Esterhazy.

Me Labori. — Pardon, nous avions demandé les dossiers en bloc : nous demandons maintenant une pièce.

M. le Président. — C’est toujours la même chose.

Me Labori. — Eh bien! la Cour répondra à nouveau! Je suis bien tranquille et je n’ai pas d’émotion; mais, au point de vue de l’avenir, je suis obligé de déposer des conclusions :

Plaise à la Cour ;

Attendu que, dans sa déposition devant la Cour. M. le général de Pellieux a déclaré que le fac-similé du bordereau attribué au capitaine Dreyfus en 1894 et versé au dossier de l’affaire Esterhazy en 1898, ne reproduit pas l’original du bordereau exactement, et qu’il a l’apparence évidente de faux fac-similés;

Que toutes les expertises faites sur ces fac-similés ne pourraient donc avoir aucun caractère sérieux;

Attendu que cette affirmation de M. le général de Pellieux ne peut