Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/386

Cette page n’a pas encore été corrigée

de mon secret, et il est de votre devoir de dénoncer Esterhazy »

Me  Labori. — Me  Demange pourrait-il nous dire à quelle date Me  Leblois lui a parlé de cette affaire Esterhazy ?

Me  Demange. — Il m’a raconté cela lorsqu’il est venu me voir après que la dénonciation avait été faite ; il ne m’en a pas parlé avant; je ne le connaissais pas.

M.Labori. — Me  Demange ne sait-il pas que M. Mathieu Dreyfus s’est plaint fréquemment et avec insistance que Me  Leblois ne lui ait fait parvenir aucun avis direct ou indirect sur la culpabilité d’un autre ?

Me  Demange. — Il s’en est plaint souvent.

Me  Labori. — Est-il à la connaissance du témoin que Me  Leblois n’a jamais fait aucune communication à M. Mathieu Dreyfus à ce moment-là ?

Me  Demange. — Jamais de la vie.

Me  Labori. — Me Demange connaît-il les raisons pour lesquelles Me  Leblois n’est jamais entré en relations avec la famille Dreyfus ou avec Me  Demange ?

Me  Demange. — Il ne me l’a pas dit. Je le lui ai même reproché. Je lui ai dit que nous aurions pu alors précisément nous adresser au ministère de la justice.

Me  Labori. — Me  Demange a-t-il vu le bordereau qui était versé dans l’affaire Esterhazy ?

Me  Demange. — Je crois bien que je 1'ai vu!

Me  Labori. — Me  Demange l’a-t-il vu en original ?

Me  Demange — Certainement.

Me Labori. — L’a-t-il vu en photographie ?

Me Demange. — J’ai vu l’original dans le dossier Lorsque les débats se sont ouverts, on en avait fait faire des fac-similés ; chacun des juges en avait un et moi aussi. Quand le débat a été clos, M. le Président s’est fait restituer par chacun des juges et par moi les fac-similés que nous avions. Je ne me rappelle plus si on les a brûlés à l’audience, mais enfin on les a détruits

Me  Labori. — Quoi qu’il en soit, il y avait des photographies au dossier ?

Me  Demange. — Je vous répète que, dans le dossier, il n’y avait que l’original, mais on avait fait faire des photographies.

Me  Labori. — Ces photographies avaient été faites par les soins du Parquet militaire ?

Me  Demange. — C’est M. Bertillon qui les avait fait faire, je crois, et on les avait données, pour les débats, aux juges au Commissaire du gouvernement et à moi; et, quand les débats ont été terminés, nous avons tous restitué nos Photographies à M. le Président qui, je crois... je ne sais pas si c'est à l'audience qu’il les a brûlées, mais enfin il les a emportées dans une enveloppe pour les détruire.

Me  Labori. — Me Demange connaît-il le fac-similé qui a été publié par le Matin ?

Me  Démange. - Je crois bien que je le connais ! Sitôt que j'ai