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colonel recevait de fréquentes et longues visites, assis auprès du bureau et compulsant avec lui le dossier secret.

On fait dire au colonel que M. Leblois était là compulsant le dossier secret.

M. le colonel Henry. — Compulsant...

Me Labori. — Eh bien ! ou le colonel Henry ne dit pas la vérité ou c’est le rapport de M. le commandant Ravary.

M. le colonel Henry, à Me Labori. — Je ne vous permettrai pas de mettre mes paroles en doute.

Me Labori. — Je constate qu’il y a une contradiction entre le rapport Ravary et ce que dit le colonel.

M. le colonel Henry. — Je ne vous le permettrai pas, monsieur l’avocat.

Me Labori. — 11 y a un désaccord formel entre le rapport de M. le commandant Ravary et votre déposition.

M. le colonel Henry. — Ce n’est pas mon affaire.

Me Labori. — C’est possible, mais c’est la mienne !

M. le colonel Henry. — Expliquez-vous avec le commandant Ravary.

Me Labori. — Je ne puis pas m’expliquer autrement qu'avec vous qui êtes ici.

M. le colonel Henry. Quand je dis « compulser », si ce n’est pas effectif, c’est au moins au figuré. (Bruit.) On a un dossier devant soi; pourquoi est-ce faire ? Vous avez bien un dossier devant vous.

Me Labori. — Si j’ai un dossier devant moi, je ne le compulse pas dans l’acception propre du mot. Nous savons ce que parler veut dire.

M. le colonel Picqart. — J’oppose le démenti le plus formel à l’affirmation du colonel Henry; je demande qu’on veuille bien lui poser la question suivante...

M. le colonel Henry est le seul témoin avec lequel j'aie été confronté au Conseil de guerre. il a été dit au Conseil de guerre, lors de notre confrontation, que c’était à son retour de permission, vers le commencement d’octobre, qu’il avait vu cette scène et j’ai dit : « La chose est très grave, messieurs les membres du Conseil de guerre, veuillez prendre note de cette déclaration »

M. le colonel Henry. — J’ai dit: « Dans le courant d octobre, en tout cas à mon retour de permission », J’ai toujours dit « dans le courant d’octobre », je crois, et je ne puis pas dire autre chose.

M. Leblois. — On varie sur les faits, on varie sur les dates; il est très difficile, même à un témoin de bonne volonté, de suivre des adversaires sur un terrain aussi mouvant.

Me Labori. — Je désire poser une question sur le même point.

M. le colonel Picquart. — Je demande a ajouter ceci: Comment le colonel Henry est-il entré dans mon bureau? Est-