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vaient les mots «dossier secret», et il n’a pas dit qu’une photographie était sortie de cette enveloppe.

M. le Président. — Le colonel Henry vous donne un démenti.

M. le colonel Henry. — Je n’ai pas parlé du dossier des pigeons voyageurs. M. Leblois a dit devant le Conseil de guerre: «En présence des affirmations précises du colonel Henry, je ne puis pas lui donner un démenti.»

M. Leblois. — J’étais en train d’expliquer...

M. le colonel Henry. — Vous avez dit: «Je ne puis pas lui donner un démenti.»

M. le Président, au colonel Henry. — N’interrompez pas.

Me  Leblois. — J’expliquais que le colonel Henry avait simplement dit qu’il y avait un dossier et une enveloppe sur laquelle se trouvaient écrits ces mots «dossier secret». Il n’a pas parlé de photographies. Il était dans l’impossibilité absolue de préciser la date de cette scène.

M. le colonel Henry, s’adressant à la Cour et aux jurés. — Vous voyez, il répond bien à ma question; il y avait un dossier secret. Je n’ai pas pu préciser la date et je ne peux pas la préciser encore. Il a reconnu devant le Conseil de guerre qu’il ne pouvait pas me donner un démenti.

M. Leblois. — Je demande à terminer ma déposition. Je dis donc que le colonel Henry n’a pas parlé de photographies et n’a pas précisé la date, et que je lui ai dit: «Colonel, je crois que vous vous trompez. Mais, comme je n’ai pas l’habitude de faire l’inventaire des pièces qui se trouvent sur la table des gens, quand je vais les voir, j’estime que ce n’est pas à moi, mais plutôt au colonel Picquart de dire si, à un moment quelconque, à une date quelconque, il y a eu sur sa table une enveloppe portant les mots «dossier secret».

J’ai ajouté d’un ton très ferme, car j’étais certain d’être dans la vérité, j’ai dit d’un ton très ferme au colonel Henry: «Je ne veux pas vous infliger de démenti, non pas par politesse seulement, mais parce que j’estime que c’est au colonel Picquart qu’il appartient de démentir ce fait, s’il est inexact. Mais si vous précisiez, ou si vous ajoutiez quoi que ce fût, je vous opposerais une contradiction absolue.»

M. le colonel Henry. — Je donne le démenti le plus absolu à M. Leblois. Voici ce que j’ai dit devant le Conseil de guerre: «Il y avait devant ces messieurs un dossier secret et une pièce photographiée, pièce sortie à demi, comme je l’ai indiqué tout à l’heure, et qui commençait par ces mots «Cette canaille de D...»

M. le Président, au colonel Henry. — Avez-vous vu la pièce?

M. le colonel Henry. — Oui.

Me  Leblois. — Mais le colonel vient de reconnaître qu’il a dit que la photographie n’avait pas quitté l’enveloppe!

M. le colonel Henry. — J’ai dit ceci: Il y avait un dossier