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M. le Président, au général Gonse. — Alors, général, ce dossier était en désordre quand il vous a été rendu?

M. le général Gonse. — Oui, en désordre.

M. le Président, au colonel Picquart. — Monsieur le colonel Picquart, qu’avez-vous à répondre à toutes ces questions?

M. le colonel Picquart. — J’ai à répéter que je n’ai jamais eu le dossier ni ouvert ni fermé sur ma table, en présence de M. Leblois. Du reste, d’après la déposition du colonel Henry, il semble matériellement bien difficile que la chose ait pu avoir lieu, si M. Leblois prouve qu’il est rentré à Paris le 7 novembre. Le colonel Henry vient de vous dire que, quelques jours après avoir vu cette scène, il en a parlé au général Gonse, qu’il lui a conseillé de me redemander le dossier et que le général Gonse me l’a redemandé, en effet, quelques jours après. Or, le général Gonse a également, dans des occasions précédentes, certifié qu’il m’avait repris le dossier quelques jours avant mon départ. En additionnant tout cela, je crois qu’il est difficile de trouver un nombre de jours tel que j’aie pu matériellement communiquer le dossier.

M. le Président, au colonel Henry. — Vous entendez, monsieur le colonel Henry; aviez-vous ce dossier secret?

M. le colonel Henry. — M. Leblois l’a reconnu au Conseil de guerre, les membres du Conseil de guerre pourraient venir l’affirmer. Il a dit: «Devant les affirmations précises du colonel Henry, je ne peux pas lui donner un démenti.» Vous pouvez faire appeler les membres du Conseil de guerre.

Me Labori. — Je demande qu’on fasse appeler d’abord M. Leblois.

M. le colonel Henry. — M. Leblois a dit ceci: «Devant les affirmations précises du colonel Henry, je ne puis pas lui donner un démenti.»

M. le Président, à M. Leblois, rappelé à la barre. — Maître Leblois, vous avez entendu la déclaration du colonel Henry: pouvez-vous répondre?

M. Leblois. — Je réponds, tout d’abord, sur la question des dates, que je suis allé...

M. le Président. — Non, répondez tout simplement à cette question: avez-vous reconnu devant le Conseil de guerre que vous étiez à côté du colonel Picquart, et qu’à côté de lui, il y avait deux dossiers, le dossier des pigeons voyageurs et, à côté, le dossier secret?

M. Leblois. — Non, je ne l’ai pas reconnu. Voici ce qui s’est passé au Conseil de guerre. Le colonel Henry a gardé envers moi l’attitude la plus courtoise; il a dit seulement, devant le Conseil, qu’il y avait sur la table du colonel Picquart un dossier; il n’a pas du tout parlé du dossier des pigeons voyageurs; je démontrerai tout à l’heure que ce dossier ne pouvait pas se trouver sur la table du colonel Picquart à ce moment. Il a dit qu’il y avait un dossier, une enveloppe sur laquelle se trou-