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ment la date, ce n’est pas possible; ce que je sais, ce que je peux indiquer comme date, c’est que, à ce moment certainement, il y avait du feu dans la chambre. Quelques jours après, — peut-être le général Gonse pourra-t-il mieux préciser que moi — j’ai rencontré le général Gonse qui m’a dit: «Comment cela va-t-il? Gomment va le colonel Picquart?» Je lui dis: «Cela va un peu cahin-caha; le colonel Picquart est toujours absorbé par son affaire Esterhazy.» — «Ah ! c’est fâcheux, parce que les affaires du bureaux périclitent un peu.» — «Et les indiscrétions continuent!» — «Ah! les indiscrétions! cela ne me regarde pas.» — Je lui dis: «En fait d’indiscrétions, vous feriez peut-être bien de reprendre le dossier secret, car je l’ai vu il y a quelques jours sur son bureau en présence d’une tierce personne.» — Je n’ai pas indiqué la personne. Je crois que deux ou trois jours après, le générai a dû le reprendre ou se le faire donner; je ne sais pas dans quelles conditions. L’a-t-il repris lui-même ou se l'est-il fait remettre par le colonel Picquart? Je n’en sais rien. Le colonel Picquart pourra vous le dire lui-même. Voilà ce que je puis dire, jurer et affirmer en ce qui concerne le dossier secret.

M. le Président. — Lorsque vous êtes entré dans le bureau et que vous avez trouvé le colonel Picquart s’entretenant avec M. Leblois, pensez-vous qu’on s’entretenait de ce dossier?

M. le colonel Henry. — Ces messieurs causaient, comme je vous le disais; le dossier était devant eux; le colonel Picquart était comme ceci... et avait plutôt l’air d’être tourné du côté de M. Leblois. Je ne peux pas dire qu’ils causaient de ce dossier; je n’ai fait qu’entrer et sortir.

M. le Président. — Vous avez vu le dossier des pigeons voyageurs?

M. le colonel Henry. — Pas ce jour-là.

M. le Président. — C’était à quelle époque, ce dossier des pigeons voyageurs?

M. le colonel Henry. — Oh! ce dossier a été remis au colonel Picquart bien longtemps auparavant, et je ne l’ai plus revu qu’après son départ; par conséquent, il a dû rester entre ses mains pendant de longs mois.

M. le Président, au général Gonse, rappelé à la barre. — Monsieur le général Gonse, ce dossier secret dont je viens de parler était-il ou n’était-il pas en désordre quand il vous a été rendu?

M. le général Gonse. — Autant que je peux me rappeler, il était un peu en désordre.

M. le Président, au colonel Henry. — Monsieur le colonel Henry, vous souvenez-vous dans quel état était ce dossier quand il a été rendu au général Gonse?

M. le colonel Henry. — Je ne l'ai jamais revu. Il m’a été remis par le colonel Sandherr en 1894 ; depuis, je ne l’ai jamais revu que sur le bureau du colonel Picquart, qui l’avait demandé pendant mon absence, le jour dont je vous parle.