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reau ont jamais, à aucun moment, été considérés comme ayant été saisis chez M. le commandant Esterhazy ?

M. Le commandant Lauth. — Non.

Me Labori. — Cela me surfit. Alors, je voudrais savoir comment le petit bleu, ayant la même origine que le bordereau ou que les fragments de papier mêlés au petit bleu, aurait pu être considéré comme venant de chez M. le commandant Esterhazy?

M. le Président, au témoin. — Vous entendez? (Le témoin fait signe qu’il n’a pas très bien compris.) Veuillez répéter la question, maître Labori.

Me Labori. — Oui, monsieur le Président, je vais surtout préciser. J’ai demandé à M. le commandant Lauth ceci: Pourquoi eût-il été efficace ou utile, à un point de vue quelconque, d’apposer un timbre sur le petit bleu? M. le commandant Lauth m’a dit: « Parce qu’il aurait ainsi pu provenir du lieu de sa destination. » Or, il faut que MM. les jurés sachent qu’il n’a jamais été question que le petit bleu fût de la main de M. le commandant Esterhazy, et que l’écriture dont on aurait prié M. le commandant Lauth de certifier l’origine, n’était pas du tout de M. le commandant Esterhazy: le petit bleu était adressé à M. le commandant Esterhazy, et il s’agissait de savoir quel était l’auteur de ce petit bleu et quelle était la main qui l’avait tracé. Sur la main, vous savez ce qui a été dit. En ce moment, je m’occupe de l’origine. M. le commandant Lauth dit: « L’utilité de l’apposition du timbre, c’était d’établir que le petit bleu était arrivé à domicile, c’est-à dire chez M. le commandant Esterhazy. » Alors, passant par dessus les questions successives que j’ai posées, je dis à M. le commandant Lauth: Est-ce que le bordereau ou les papiers contenus dans le paquet où se trouvait le petit bleu, ou les papiers de la même provenance, ont été considérés comme venant de chez M. le commandant Esterhazy?

M. le commandant Lauth. — Non.

Me Labori. — Par conséquent, comment M. le commandant Lauth concilie-t-il l’affirmation que le petit bleu avait l’origine que lui avait donnée M. le colonel Picquart, et celle qu’il avait été placé dans le cornet que la Cour connaît?

M. le commandant Lauth. — Je n’ai pas à donner d’explications sur ce que le colonel Picquart pouvait ou devait croire. Je n’ai pas à donner d’explications, car je ne lui en ai pas demandé à ce moment-là.

Me Labori. — C’est entendu, je retiens cette première déclaration. Quelle était maintenant l’utilité de « caches » apposées sur la photographie pour cacher certaines choses et même faire disparaître des traces de déchirures ?

M. le commandant Lauth. — Pardon, je n’ai jamais dit que j’eusse mis des « caches » pour faire disparaître des traces de déchirures. Il est question d’une chose tout à fait différente, qui s’est passée quelques semaines après. C’était autre chose. J’ignorais absolument de chez qui provenaient les spécimens d’écriture et,