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mander à M. le colonel Picquart ce qu’il ne peut et ne doit pas nous dire.

Me Labori. — Je trouve étrange, permettez-moi de vous le faire observer très respectueusement, que non seulement vous disiez que vous ne poserez pas la question, mais encore que vous ajoutiez que M. le colonel Picquart ne doit pas y répondre. Je crois que le témoin est seul juge du point de savoir s’il doit répondre.

M. le Président. — Je vais le lui demander.

Me Labori. — Mais vous venez de lui dire ce que vous considérez comme son devoir!

M. le Président. — C’est mon opinion.

Me Labori. — Eh bien! je vous demanderai de faire connaître la mienne avant que vous ne posiez la question, et de faire comprendre à M. le colonel Picquart que je suis d’un sentiment tout à fait opposé au vôtre, car il pourrait croire que l’opinion venant de vous, en raison de votre haute situation...

M. le Président. — Mettons que je n’ai rien dit. Je vais poser la question au colonel Picquart. (Au colonel Picquart). Pouvez-vous répondre à cette question?

M. le colonel Picquart. — Monsieur le Président, si le lendemain du Conseil d’enquête, il n’avait pas paru dans le Petit Journal une note qui émanait évidemment d’un officier et qui ne pouvait émaner que d’un officier, je ne répondrais pas, je dirais que je ne peux pas répondre. Etant donné qu’une communication indiscrète, ne pouvant provenir que d’un officier, a été faite, je dirai, sans entrer dans aucun détail, que la note de l’Agence Havas se rapproche de la vérité.

Me Labori. — Mais il y a un point sur lequel M. le colonel Picquart pourra répondre, et j’insiste pour que la question lui soit posée: Les quatre faits mentionnés dans la note Havas sont-ils les seuls pour lesquels il a été poursuivi?

M. le colonel Picquart. — Je m’en tiens à ma première réponse.

Me Labori. — Monsieur le colonel Picquart a-t-il fait à cet égard la moindre communication aux journaux?

M. le colonel Picquart. — Aucune, je n’en ai jamais fait.

Me Labori. — Monsieur le colonel Picquart pourrait-il nous dire pourquoi la communication émanait nécessairement d’un officier?

M. le Président. — Vous entendez la question?

M. le colonel Picquart. — Parfaitement. Elle émanait nécessairement d’un Officier parce qu’en dehors de M. Leblois, il n’y avait que des officiers qui eussent assisté à l’audience de ce conseil, et que la question qui était traitée dans le Petit Journal était le prétendu écrasement de M. Leblois; alors, je ne pense pas que ce soit de lui que soit venue la communication.

M. le Président. — Il n’y avait pas d’autres personnes dans la salle d’audience?

M. le colonel Picquart. — Personne.