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queront là-dessus, la même enveloppe se trouvait sur le bureau, mais elle était ouverte et une pièce en sortait.

Me Clémenceau. — Il y a une objection, c’est que la première fois on nous a dit que c’était un dossier secret, mais non pas le dossier secret de Dreyfus, et que la seconde fois, c’était le dossier Dreyfus, puisque M. Gribelin a vu les mots : «Cette canaille de D...».

M. le général de Pellieux. — Je demande à fournir une explication. Je crois que le colonel Henry la fournira d’ailleurs à la Cour. Je crois qu’on a fait une confusion: le colonel Henry a dit dans sa déposition qu’il entendait parler du dossier judiciaire de Dreyfus. Or, ce dossier n’a jamais été ouvert. C’est là où est la confusion.

Me Clémenceau. — Est-ce que le dossier de Dreyfus a été entre les mains du colonel Picquart, ce dossier qui n’a jamais été ouvert?

M. le général de Pellieux. — Le colonel Henry, quand je lui ai posé la question, a dit: «Mais non, ce dossier n’a jamais été ouvert» ; il entendait parler du dossier du procès.

Me Clémenceau. — On a dit que, les deux fois, il y avait sur la table un dossier entre M. Picquart et M. Leblois. La première fois, on nous a dit que c’était un dossier secret, mais non pas le dossier secret Dreyfus; la seconde fois, on nous a dit que c’était un dossier secret d’où sortait une pièce sur laquelle il y avait: «Cette canaille de D...» ; c’était donc le dossier Dreyfus.

M. le général de Pellieux. — Il y a eu une confusion: quand vous avez parlé du dossier Dreyfus, le colonel Henry a compris le dossier secret judiciaire. Je demande qu’on lise la fin de sa déposition.

Me Larori. — Pendant qu’on va chercher cette déposition, M. le général de Pellieux me permettra d’élucider un autre point. Je trouve le passage qui y est relatif dans le compte rendu sténographique et je vais reprendre le cours de mes questions, mais je veux d’abord montrer à M. le général de Pellieux ce qu’il disait hier :

Le 14 novembre dernier, M. Mathieu Dreyfus adressait au Ministre de la guerre une plainte contre le commandant Esterhazy; il l’accusait formellement d’être l’auteur du bordereau qui avait fait condamner son frère; il se basait, dans son accusation, sur une similitude absolue d’écritures. Le 16, je reçus, du Gouverneur militaire de Paris, l’ordre de faire une enquête purement militaire. J’étais chargé de mettre M. Mathieu Dreyfus en demeure d’apporter la preuve de son accusation.

Suit tout le récit que M. le général de Pellieux a fait et que la Cour et MM. les jurés se rappellent. Puis j’arrive à sa conclusion :

J’avais un compte rendu à fournir, je l’ai fourni au Gouverneur