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M. le général de Pellieux. — Oh! pas du tout.

Me Labori. — Alors, quelle est la portée de l’information?

M. le général de Pellieux. — Je veux dire que l’information devait être complétée par le commandant Ravary, que je ne pouvais pas élucider tous les points de la cause.

Me Labori. — Comment M. le général de Pellieux peut-il dire cela, quand il nous a dit hier qu’il avait conclu à un non-lieu?

M. le général de Pellieux. — Moi!

Me Labori. — Ou tout au moins que son sentiment, que son opinion était déjà faite au moment où le bordereau a été versé au débat, et que, dans son enquête militaire, M. le général de Pellieux avait acquis la conviction que les charges contre M. le commandant Esterhazy étaient insuffisantes.

M. le général de Pellieux. — Je vous demande pardon Mais vous interprétez mal mes paroles; je vais répéter. J’ai dit que dans la première enquête, l’enquête militaire que j’ai faite, M. Mathieu Dreyfus n’avait apporté aucune preuve; que, par conséquent, mon enquête, à ce moment-là, pouvait être considérée comme virtuellement terminée, puisque je n’étais chargé dans cette enquête militaire, que de mettre M. Mathieu Dreyfus en demeure de m’apporter des preuves.

Voilà tout.

Me Clémenceau. — M. le général de Pellieux l’a répété deux fois, mais comme c’est extrêmement important, je veux le lui faire répéter encore pour qu’il n’y ait pas ensuite de discussion: les deux visites dans le cabinet du lieutenant-colonel Picquart, alors que M. Leblois était présent, ont eu lieu dans la même journée?

M. le général de Pellieux. — Je n’ai pas la mémoire absolument présente de toutes les dépositions des témoins que j’ai entendus; mais le point que je tiens à préciser, c’est que chacun de ces témoins a déposé sur un fait identique. Par conséquent il n’y a pas de confusion: le colonel Henry n’est pas à la place de M. Gribelin et M. Gribelin n’est pas à la place du colonel Henry; il y a eu deux fois le même fait qui s’est renouvelé. Je ne sais pas exactement si c’est dans la même journée; mais dans les deux dépositions, dans la déposition du colonel Henry et dans la déposition de M. Gribelin, le même fait est relaté.

Me Clemenceau. — Il n’y a pas deux faits identiques: je crois que M. le général de Pellieux se trompe. Précisons bien une première fois, il paraît qu’il y avait une enveloppe coupée sur le côté, c’est-à-dire qu’on ne voyait pas ce qu’il y avait dans l'enveloppe; une seconde fois, il y avait un dossier, on voyait les pièces et on pouvait voir de loin ce qui était écrit. Est-ce là ce que M. le général de Pellieux appelle deux faits identiques?

M. le général de Pellieux. — Non, une première fois un officier est entré qui a vu sur la table l’enveloppe avec le paraphe du colonel Henry. A ce moment-là, l’enveloppe n’était pas ouverte, puisqu’il n’y avait pas de pièces qui en sortaient. La seconde fois, ou la première, je ne sais pas, les officiers s’expli-