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pas dire son nom. Je le dirai si on insiste... C’est M. Bertulus. Quand j’ai parlé à M. Bertulus de la perquisition chez le colonel Picquart, il m’a dit: «C’était votre droit, j’ajouterai même que c’était votre devoir, parce qu’on aurait dit que vous ne vouliez pas arriver à la recherche de la vérité, si vous ne l’aviez pas faite.»

Me  Clémenceau. — Est-ce que M. le général de Pellieux a parlé de cela à M. Bertulus avant ou après la perquisition?

M. le général de Pellieux. — Après.

Me  Clémenceau. — Oh! alors!

Me  Labori. — Est-ce M. Bertulus qui a donné l’idée à M. le général de Pellieux de rechercher s’il ne se faisait pas dans la maison de la contrebande d’allumettes chimiques?

M. le général de Pellieux. — J’ai donné à un commissaire de police un mandat de perquisitionner; si le commissaire de police a pris ce prétexte pour exécuter son ordre, il en est responsable.

M. le colonel Picquart. — M. le général de Pellieux a donné un mandat au commissaire de police d’une façon correcte, mais le commissaire de police a agi d’une façon incorrecte en venant avec une simple lettre anonyme, si bien que mon gérant a refusé de signer le procès-verbal de perquisition, n’étant pas muni de pièces probantes.

M. le général de Pellieux. — Le commissaire de police avait un mandat légal entre les mains.

Me  Labori. — Monsieur de Pellieux voudrait-il nous dire, si vous voulez bien, monsieur le Président, lui poser la question, pourquoi il n’a pas, lorsqu’il était chargé de son enquête, intimé l'ordre à M. le commandant Esterhazy de garder la discrétion la plus absolue et de se tenir consigné à son domicile, au lieu de garder une liberté dont il usait pour se rendre chaque jour au Jour ou à la Libre Parole ou dans d’autres journaux ? Pourquoi M. le général de Pellieux n’a-t-il pas pris une mesure de cette nature?

M. le général de Pellieux. — Je l’ai prise, et par écrit.

Me  Labori. — Comment le général de Pellieux trouve-t-il que ses ordres ont été exécutés par M. le commandant Esterhazy?

M. le général de Pellieux. — Je ne dis pas que le commandant Esterhazy ait obéi complètement à mes ordres; mais à partir du moment où il les a reçus, j’ai constaté que les communications à la presse étaient moins nombreuses. (Bruits.) Maintenant, j’ai rendu compte du fait à M. le Gouverneur militaire de Paris.

M. le Président, à Me  Labori. — Avez-vous d’autres questions à poser?

Me  Labori. — J’ai d’autres questions à poser, mais pas sur l’incident actuel. Ces questions s’adressent à M. le commandant Lauth.

M. le général de Pellieux. — Je voudrais élucider un point qui a été discuté tout à l’heure; ce point se rapporte aux