Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/333

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permettre... N’est-il pas nécessaire de terminer cet incident de timbre auparavant...?

M. le Président, après avoir fait venir le commandant Lauth à la barre. — Monsieur le commandant Lauth, voulez vous avoir l’obligeance de nous répéter, devant le colonel Picquart, ce que vous nous avez dit au sujet de cette question qui vous était adressée par M. le colonel Picquart?

M. le commandant Lauth. — J’ai dit tout à l’heure que le jour même où le colonel Picquart m’a dit, au sujet du besoin de faire disparaître les traces de déchirure, alors que je lui ai demandé pourquoi il voulait les faire disparaître, que, par question incidente, il m’a dit: «Croyez-vous qu’à la poste on y mettrait un cachet?» Et ma réponse est peut-être sténographiée; je lui ai répondu qu’on n’y mettrait pas beaucoup de complaisance, que je croyais même qu’on ne le ferait pas.

M. le Président, au colonel Picquart. — Vous voyez que c’est à peu près la même chose.

M. le colonel Picquart. — Dans la déposition écrite du commandant Lauth, relativement à la proposition que je lui aurais faite de dire que l’écriture du petit bleu était celle de telle ou telle personne, le commandant Lauth se souvient-il d’avoir dit: «Cette pièce n’a pas le caractère authentique, il faudrait qu’elle eût le cachet de la poste»?

M. le commandant Lauth. — Pour qu’elle ait un caractère authentique, il faudrait qu’elle ait un cachet.

M. le Président. — Et c’est à ce moment-là...?

M. le commandant Lauth. — J’ai ajouté: «C’est une écriture que je ne connais pas; on ne sait pas, ce que c’est, ni d’où cela vient». J’ai dit ensuite, dans ma déposition, que jamais le colonel Picquart ne m’avait demandé de certifier la reconnaissance du petit bleu. Il m’a dit: «Vous seriez là pour certifier que c’est l’écriture d’un tel ou d’un tel, pour certifier que cette écriture est celle de telle personne.» Voilà ce qu’il m’a dit et ce à quoi j’ai répondu: «Cette écriture, je ne l’ai jamais vue, je ne puis certifier qu’elle est d’une telle personne.»

J’ajoute que M. le colonel Picquart avait eu vingt ou trente exemplaires de l’écriture en question... Non pas celle du petit bleu, mais de l’écriture en question, et, à l’heure qu’il est, je dis qu’il y en a des preuves, et qu’il y a des documents où cette écriture se retrouve avec des marques du colonel Picquart dessus, ce qui prouve bien qu’il les a vus. Si, à ce moment-là, il avait voulu se renseigner et voir l’armoire ou le coffre-fort où ils étaient enfermés, il aurait pu comparer.

M. le colonel Picquart. — Je ne comprends pas bien ce que dit le commandant Lauth. J’aurais demandé si c’était l’écriture de telle personne?

M. le commandant Lauth. — Non, non; je vous ai dit: «Mon colonel, pourquoi voulez-vous faire disparaître les traces de