Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/329

Cette page n’a pas encore été corrigée

CONFRONTATION
de M. le lieutenant-colonel Picquart avec MM. Gribelin, le commandant Ravary, le commandant Lauth et le général de Pellieux.

M. le Président, au témoin Gribelin. — Avez-vous entendu de votre place les explications que vient de nous donner M. le colnel Picquart?

M. Gribelin. — Oui.

M. le Président. — Qu’avez-vous à y répondre?

M. Gribelin. — Je suis dans l’obligation de donner à mon colonel, non pas un démenti, cela ne serait pas poli, mais de lui dire qu’il se trompe... Je vais répéter ma déposition: Je suis rentré, un soir d’octobre 1896, dans le bureau du colonel Picquart pour prendre congé; il était assis à sa table ayant à sa droite le dossier des pigeons voyageurs et à sa gauche le dossier que je lui avais remis entre le 28 août et le 5 septembre; il était contenu dans une enveloppe qui portait le paraphe du commandant Henry ; c’est à cela que je l’ai reconnu.

M. le Président. — C’était le dossier qui vous avait été demandé longtemps auparavant?

M. Gribelin. — Le colonel me l’avait demandé fin août ou commencement septembre; c’était certainement entre le 28 août et le 5 septembre, puisque j’étais parti en permission de vingt jours, accordée par le colonel le 5 septembre.

M. le Président. — Y avait-il un des côtés de cette enveloppe qui était ouvert?

M. Gribelin. — Au moment où je l’ai remise, je ne puis affirmer qu’elle était fermée ou ouverte; mais quand je l’ai vue, il y avait un côté de l’enveloppe ouvert.

M. le Président. Vous n’aviez vu aucune pièce?

M. Gribelin. — Non, Monsieur le Président, le dossier était tout fermé.

M. le Président. — Vous n’avez constaté que le paraphe du colonel Henry... (A M. le colonel Picquart) Vous entendez, colonel, ce que dit le témoin?

M. le colonel Picquart. Parfaitement, Monsieur le Président. Voulez-vous me permettre de demander au témoin en quoi consiste ce paraphe?

M. Gribelin. — Il y avait une H puis un signe... et ce paraphe ressemble à sa signature.

M. le colonel Picquart. — Il y a là une question de date qui m’étonne beaucoup. Jamais je n’ai eu ce dossier sur ma table quand M. Leblois est venu me voir, par la raison que j’ai demandé le dossier fin août ou commencement septembre et que je ne l’avais plus en ma possession au commencement de novembre.