Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/326

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Me Labori. — Mais à propos de cette affaire ?

M. le colonel Pigquart. — Je préfère ne pas répondre à la question.

Me Labori. — M. le colonel Picquart dit que M. le commandant Lauth lui reproche d’avoir conservé par devers lui le dossier pendant trop longtemps, ou le cornet plus exactement... Voici la sténographie même de la déposition de M. le commandant Lauth :

Le passage (du rapport de M. le commandant Ravary) où il est dit que le colonel Picquart avait gardé les fragments pendant plus d’un mois n’est pas tout à fait exact; il pouvait s’être écoulé six ou huit jours...

Et ici je me permets de faire remarquer que le rapport Ravary dit un mois; voilà donc un rapport officiel qui est en contradiction absolue avec l’observation d’un témoin. Mais il est intéressant de retenir la déclaration de M. le commandant Lauth sur ce point, car elle est absolument conforme à ce que nous a dit M. le colonel Picquart.

M. le colonel Picquart. — Mais le commandant Lauth n’était pas chef de service; j’étais chef de service et, en cette qualité, j’avais parfaitement le droit de recevoir des documents et de les garder aussi longtemps que bon me semblait.

Me Labori. — A quel titre M. le commandant Lauth pouvait-il s’étonner que M. le colonel Picquart eût gardé ces documents pendant quelques jours?

M. le colonel Picquart. — Cela provient d’une routine. Je vous ai dit qu’autrefois le commandant Henry repassait directement au capitaine Lauth, après en avoir trié une certaine partie, les pièces en langue étrangère, parce que le commandant Henry ne connaît pas les langues étrangères.

Me Labori. — M. le colonel Picquart sait-il que M. le commandant Lauth a porté contre lui une certaine accusation de falsification de documents?

M. le colonel Picquart. — De falsification de documents!

Me Labori. — Parfaitement; et, si M. le colonel Picquart veut me le permettre, je vais lui lire le passage de la déposition de M. le commandant Lauth ; il verra de quoi il est question.

M. le commandant Lauth avait d’abord répondu à ce qui lui était demandé concernant les opérations sur le petit bleu; puis:

Quant au point de savoir la manière dont j’ai pris la question à ce moment, je répondrai que je ne l’ai pas prise tout à fait comme une proposition en vue de me faire faire un faux... Je ne l’ai pas prise tout à fait comme telle à ce moment-là. Mais j’ai vu depuis l’usage que le colonel Picquart voulait faire de ce télégramme, je me suis rappelé alors la proposition qui m’avait été faite et je me suis rappelé le refus que j’avais opposé d’y obtempérer.

M. le colonel Picquart. — Le refus de faire quoi ? Quelle opération ?