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ou nous redire, à quelle époque il est allé chez M. Leblois pour la première fois ?

M. le colonel Picquart. — Pour lui parler...

Me  Labori. — Je veux dire l’époque à laquelle M. le colonel Picquart a, pour la première fois, parlé à M. Leblois des choses personnelles dont il est question aujourd’hui, au sujet des indiscrétions commises?

M. le colonel Picquart. — C’est au mois de juin 1897.

Me  Labori. — Par conséquent, M. le colonel Picquart affirme qu’il est faux qu’en 1896, et notamment au mois de novembre, il ait communiqué à M. Leblois quoi que ce soit qui eût trait aux affaires dont nous nous occupons aujourd’hui?

M. le colonel Picquart. — De la façon la plus absolue ?

Me  Labori. — Maintenant, M. le colonel Picquart voudrait-il nous expliquer dans quelle intention, dans quel dessein et pourquoi il est allé chez M. Leblois en 1897 ?

M. le colonel Picquart. — J’ai été chez M. Leblois, comme je l’ai déjà dit, après la réception de cette lettre du colonel Henry, qui était menaçante pour moi, qui m’accusait après enquête — le mot est dans la lettre — de faits très graves dont je n’étais pas coupable.

Me  Labori. — Est-ce que M. le colonel Picquart n’a pas été, au cours de sa mission, l’objet de paroles fort amicales et flatteuses de la part de M. le général Gonse ?

M. le colonel Picquart. — La correspondance du général Gonse était toujours conçue dans les termes les plus amicaux.

Me  Labori. — Est-ce qu’on ne traitait pas M. le colonel Picquart, pendant ce temps, avec les plus grands égards? Lui facilitait-on les démarches qu’il pouvait avoir à faire, au point de vue des dépenses qu’elles comportaient...?

M. Me  Labori. — De la façon la plus complète.

Me  Labori. — ... lui faisant comprendre que si des indemnités lui étaient nécessaires, notamment à raison de son changement d’uniforme, tout lui serait payé largement ?

Ne lui offrait-on pas d’expédier ses chevaux d’un endroit à l'autre, sans qu’il eût à revenir à Paris ou à faire des démarches, et tout cela aux frais du ministère ?

M. le colonel Picquart. — On a eu les plus grands égards pour moi.

Me  Labori. — Est-ce que M. le commandant Henry était encore commandant, en juin 1897, quand il écrivait sa lettre à M. le colonel Picquart ?

M. le colonel Picquart. — Oui.

Me  Labori. — Comment M. le colonel Picquart explique-t-il que M. le commandant Henry lui ait écrit à lui, qui était son chef, cette lettre menaçante ?

M. le colonel Picquart. — C’est justement cela qui m’a fait penser qu’il y avait quelque chose de très grave; car autrement il était inadmissible qu’un subordonné pût écrire une pareille lettre.