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me semble que M. le colonel Picquart n’est nullement lié par ce secret et j’insiste auprès de lui pour qu’il réponde.

M. le colonel Picquart. — Je maintiens ma réponse.

Me  Labori. — Alors, monsieur le Président, voulez-vous me permettre de vous demander de prier M. l’Avocat général de porter officiellement la demande de M. le colonel Picquart à la connaissance de M. le Ministre de la guerre ?

M. le Président. — M. l’Avocat général fera ce qu’il croira devoir faire ; mais la Cour n’a pas à statuer là-dessus.

Me  Labori. — Est-ce que M. le colonel Picquart a vu l’original du bordereau ?

M. le colonel Picquart. — Je cherche dans mes souvenirs.. Je crois que oui, mais j’ai vu surtout les reproductions photographiques qui circulaient...

Me  Labori. — Qui circulaient, où ?... Est-ce dans les bureaux de la guerre ?

M. le colonel Picquart. — Oui.

Me  Labori. — Il en a donc été fait des reproductions officielles ?

M. le colonel Picquart. — Parfaitement,

Me  Labori. — Est-ce que ces photographies ont été mises entre les mains des experts ?

M. le colonel Picquart. — Je le crois, mais je ne puis l’affirmer ; je n’étais pas au Service à ce moment-là.

Me  Labori. — En tout cas, ce qui est certain, c’est qu’on a fait des photographies du bordereau dans les bureaux de la guerre, qu’on les a faites officiellement, qu’elles ont une valeur officielle.

Est-ce que M. le colonel Picquart considère que le bordereau qui a été publié par le Matin, le 10 novembre 1896, diffère essentiellement, comme un faux de l’original authentique, du bordereau véritable ?

M. le colonel Picquart. — Il en diffère si peu. qu’on se demandait d’où pouvait venir l’indiscrétion.

Me  Labori. — M. le colonel Picquart voudrait-il nous dire, s’il le peut, en combien de fragments était déchiré le petit bleu?

M. le colonel Picquart. — Je ne saurais dire le nombre, mais il y en avait beaucoup : il y avait des petits morceaux qui n’étaient pas plus gros que l’ongle.

Me  Labori. — Ce petit bleu, M. le colonel Picquart l’a fait reconstituer ?

M. le colonel Picquart. — Oui.

Me  Labori. — Et sur quoi M. le colonel Picquart voulait-il faire disparaître les traces de collage ?

M. le colonel Picquart. — Mais sur la photographie.

Me  Labori. — Et, avec quelque soin que les photographies eussent été prises, est-ce qu’on aurait pu faire disparaître les traces de collage sur l’original ?

M. le colonel Picquart. — Il ne s’agissait pas de faire dis-