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M. le Président. — Vous pouvez vous asseoir. (A l’huissier audiencier.) Faites venir M. Gribelin.

(M. Gribelin se présente à la barre.)

RAPPEL DE M. GRIBELIN

M. le Président, à M. Gribelin. — Je vais vous poser une question très grave. Le colonel Picquart, à un moment donné, ne vous a-t-il pas demandé s’il pourrait solliciter de faire timbrer à la poste une lettre qu’il n’a pas autrement désignée ?

M. Gribelin. — Faut-il prêter serment ?

M. le Président. — Vous l’avez prêté.

M. Gribelin. — Le colonel Picquart m’a demandé un jour, vers deux heures de l’après-midi, si je ne pourrais pas faire apposer un timbre de la poste à une date antérieure à celle où nous nous trouvions.

M. le Président. — Maître Labori, vous entendez. Vous n’avez peut-être pas saisi ?

Me Labori. — Si cela peut vous être agréable, monsieur le Président, étant donnée la façon dont vous conduisez les débats, que le témoin recommence, cela ne me gênera pas : il peut recommencer.

M. le Président. — Témoin, recommencez ce que vous venez de dire.

M. Gribelin. — Le colonel Picquart m’a demandé un jour, vers deux heures de l’après-midi, comme il rentrait à son bureau, si je pourrais obtenir de la poste qu’un timbre de départ fût apposé sur une lettre qu’il ne m’a pas autrement désignée, lequel timbre devait porter une date antérieure à celle à laquelle nous nous trouvions alors.

M. le Président. — Très bien.

Me Clémenceau. — Vous venez de dire, monsieur le Président, que la question que vous posiez avait une extrême gravité : donc la réponse du témoin est extrêmement grave. Par conséquent, on avoue qu’il importe au plus haut point, — retenez-le, messieurs les jurés, — de savoir si en répondant ainsi, le témoin dit la vérité ou un mensonge. Je vous fais observer une fois de plus, monsieur le Président, que vous et le Ministère public avez entre les mains un moyen de savoir si, oui ou non, ce témoin dit la vérité et si c’est M. Leblois qui a menti, comme on paraît l’insinuer. Si on ne cherche pas à savoir la vérité, je dis qu’on ne veut pas la savoir.

M. le Président. — Monsieur Gribelin, vous pouvez vous asseoir. (A l’huissier audiencier.) Qu’on fasse venir le commandant Lauth.

(Le commandant Lauth se présente à la barre.)