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huis clos ; le huis clos s’applique à des choses demandées aux témoins, mais non à l’attitude d’un individu pendant le huis clos.

Me Labori. — Comme il faut que la question soit réglée, tout en m’excusant de ce nouveau délai, je demande à la Cour de m’accorder quelques instants pour rédiger des conclusions.

M. le Président. — Il n’est pas nécessaire de suspendre l’audience.

Me Labori. — Il est indispensable que la réponse soit faite par le témoin avant que de nouveaux incidents se produisent.

M. le général de Pellieux. — On a l’air d’opposer mon attitude pendant la séance publique à celle que j’ai eue pendant le huis clos. Si je ne suis pas intervenu pendant la séance publique, c’est parce que je crois que je n’en ai pas eu besoin. Pendant la séance publique, on a entendu d’abord M. Mathieu Dreyfus et on a pu se rendre compte alors du vide de son accusation. Après M. Mathieu Dreyfus, on a entendu M. Scheurer-Kestner. J’avoue que sa déposition a été aussi vide. Cependant, à un moment donné, il a dit, et tout le monde a pu l’entendre : « Après tout, le bordereau n’est peut-être pas du commandant Esterhazy, mais que nous importe ? » Or l'accusation portait uniquement sur le bordereau. Après M. Scheurer-Kestner, on a entendu M. Weil ; je ne parlerai pas de l’attitude du témoin, parce que je crois que cela m’est défendu ; mais on a pu se rendre compte à ce moment, je puis le dire, du filet dans lequel on avait enserré le commandant Esterhazy. On a produit une lettre de celui-ci à M. Weil, — et l’incident a été relaté ; — M. Weil, après avoir nié qu’il eût livré cette lettre, a été convaincu d’inexactitude par M. Mathieu Dreyfus, qui a dit que c’était M . Zadoc Kahn, auquel elle avait été remise par M. Weil, qui la lui avait livrée.

On a entendu quelques autres témoins, tels que M. Autant et même un garçon coiffeur, mais je ne me rappelle pas.

Eh bien ! j’ai jugé que mon intervention comme magistrat était alors absolument inutile et que je n’avais qu’a écouter les témoins pour être fixé ; c’est pour cela que je ne suis pas intervenu pendant la séance publique.

Me Labori. — Voulez-vous me permettre, monsieur le Président, de répéter la question avant de vous demander de la poser à nouveau. Voici deux questions qui se rattachent au même ordre d’idées : Premièrement, M. Leblois n’avait-il pas présenté une observation qui aurait été de nature à motiver un supplément d’information ?

M. le Président. — Vous entendez la première question ?

M. le général de Pellieux. — Je n’y répondrai pas, car c’est du huis clos qu’il s’agit.

Me Labori. — Deuxièmement, M. le général de Luxer n’était-il pas alors disposé à saisir régulièrement le Conseil de guerre de la question et ne s’était-il pas déjà levé pour proposer aux juges de se retirer dans la chambre du Conseil pour en délibérer ?