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M. le général de Pellieux. — Je ne me rappelle pas si c’est M. Leblois qui m’a fait remarquer cela ; je crois que c’est le colonel Picquart... Mes souvenirs ne sont pas assez précis.

Me Labori. — Cette particularité, l’absence du c dans le nom de Picquart, ne se retrouve-t-elle pas dans le télégramme signé Speranza, adressé de Paris à Tunis, à M. le colonel Picquart, le 10 novembre 1897 ?

M. le général Pellieux. — En effet.

Me Labori. — Et dans une lettre injurieuse que M. le commandant Esterhazy écrivit lui-même à M. le colonel Picquart ?

M. le général de Pellieux. — Je ne connais pas cette lettre.

Me Labori. — M. Leblois n’a-t -il pas déclaré au général de Pellieux, dans leur premier entretien, qu’il ne possédait lui-même, ni dans l’affaire Esterhazy, ni dans l’affaire Dreyfus, aucun dossier personnel, aucun document, si ce n’est certaines lettres de M. le général Gonse que M. le colonel Picquart lui avait confiées pour sa défense ?

M. le général de Pellieux. — Parfaitement.

Me Labori. — Ces lettres n’ont-elles pas été communiquées par M. Leblois à M. le général de Pellieux, à titre confidentiel ?

M. le général de Pellieux. — Qu’entendez-vous par là ?... J’étais obligé de rendre compte à mes chefs de l’enquête que je faisais, et j’ai rendu compte au général Saussier que le colonel Picquart avait entre les mains des lettres du général Gonse.

Me Labori.A titre confidentiel veut dire : sans que le fait soit mentionné dans les procès-verbaux.

M. le général de Pellieux. — Parfaitement ! Il n’y avait pas d’abord de procès-verbaux d’information, puisque je n’étais chargé que d’une enquête militaire ; il n’y a eu de procès-verbaux d’information que lorsque j’ai fait l’enquête judiciaire.

M e Labori. — Quoiqu’il en soit, et pour bien nous entendre sur la question et la réponse, il est incontestable que M. Leblois a pu informer le général de l’existence de ces lettres et des raisons pour lesquelles il les possédait, non pas sous la réserve que le général n’en parlât point à ses chefs, mais en lui disant que cette communication était confidentielle, et non officielle, et qu’il n’en devait exister aucune trace au dossier, dans les écritures servant à constater les opérations du général de Pellieux, quelle que soit la terminologie qu’on emploie pour désigner ces procès-verbaux.

Je dis donc à M. le général Pellieux : Oui ou non, les lettres de M. le général Gonse lui ont-elles ou ne lui ont-elles pas été communiquées confidentiellement ?

M. le général de Pellieux. — Confidentiellement, à charge par moi d’en rendre compte au Gouverneur.

Me Labori. — Dans le dernier entretien que M. Leblois a eu avec M. le général de Pellieux, le 29 novembre, au cours de l’enquête judiciaire, M. le général de Pellieux n’a-t-il pas dit à M. Leblois qu’il ne pouvait pas ordonner une expertise sur le