Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée

Me Labori. — Voudriez-vous, monsieur le Président, être assez bon pour demander d’abord à M. le général de Pellieux si, au cours de sa double enquête, il n’a pas reçu à diverses reprises M. Leblois à la place de Paris, 7, place Vendôme ?

M. le général de Pellieux. — Parfaitement, je l’ai fait venir. M. Leblois n’est jamais venu chez moi que cité régulièrement.

Me Labori. — Le premier de ces entretiens n’a-t-il pas eu lieu le 19 novembre, à neuf heures et demie du matin ? Ne s’est-il pas prolongé pendant trois heures, jusqu’à midi et demi ?

M. le général de Pellieux. — Le 19 novembre ?... C’est possible. Mais trois heures et demie ! Jamais M. Leblois n’est reste trois heures et demie.

Me Labori. — Soit ! Je vois d’ailleurs que sur mon questionnaire j’ai écrit, non pas trois heures et demie, mais trois heures.

Quelle a été donc la durée de l’entretien ?

M. le général de Pellieux. — Si vous voulez, ce sera deux heures trois quarts.

Me Labori. — Je comprends ce que le général veut dire.

Cet entretien n’a-t -il pas eu un caractère confidentiel ?

M. le général de Pellieux. — Il n’y avait rien du tout de confidentiel, puisqu’il s’agissait d’une enquête et que je devais fournir un rapport au gouverneur.

Me Labori. — Je pose des questions et ne les commente pas, pas plus que les réponses. M. Leblois n’a-t -il pas commencé par montrer à M. le général de Pellieux une interview des Débats, où il déclarait que s’il avait quelque chose à dire sur le fond de l’affaire, ce serait aux chefs de l’armée qu’il le dirait tout d’abord ?

M. le général de Pellieux. — C’est possible.

Me Labori. — M. Leblois n’a-il pas demandé à M. le général de Pellieux, avant de commencer ses confidences, si le général avait qualité pour les recevoir au nom du Ministre de la guerre et du Gouverneur de Paris ?

M. le général de Pellieux. — Mais j’avais bien qualité, puisque j’étais commis par le Gouverneur pour faire l’enquête.

Me Labori. — Le général n’a-t -il pas répondu affirmativement ? ... (Le général fait un signe d’assentiment) ... et n’a-t-il pas ajouté spontanément qu’il voulait sauver M. le colonel Picquart : « Je veux sauver le colonel Picquart. »

M. le général de Pellieux. — Jamais je n’ai dit cela. Comment voulez-vous que j’aie pu dire que je voulais sauver le colonel Picquart, que je n’avais jamais vu et ne connaissais pas. Le nom du colonel Picquart n’a été prononcé qu’au cours de la... déposition de M. Leblois. Je n’avais jamais entendu parler du colonel Picquart, je ne le connaissais pas, je ne l’avais jamais rencontré.

Me Labori. — N’est-il pas exact que, sur cette conversation