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conséquent, quand on a reconnu avoir eu communication d’un dossier de pigeons voyageurs, quand on a reconnu avoir eu communication d’un dossier Boulleau (affaire d’espionnage de Nancy), on a reconnu avoir eu communication de dossiers secrets. La question n’est plus en doute.

Quand le colonel Henry a parlé d’un dossier qui n’avait pas été ouvert, il a voulu parler du dossier du Conseil de guerre de 1894. Ce dossier a été scellé après la séance du Conseil de guerre de 1894 et n’a plus été ouvert qu’une seule fois, quand, pour mon instruction, j’ai fait faire la saisie du bordereau, car on ne pouvait pas me donner connaissance du bordereau sans que j'en fisse la saisie. Comme magistrat, j’ai fait faire une saisie légale au ministère de la guerre, de manière à faire faire une nouvelle expertise du bordereau. Une fois qu’on eut extrait le bordereau du dossier, ce dossier fut rescellé et il est encore intact au ministère de la guerre.

On a parlé de beaucoup de dossiers secrets. Il y avait en effet, dans l’armoire du colonel Henry, d’autres dossiers, et dans d’autres dossiers pouvaient se trouver des pièces relatives à l’affaire Dreyfus, des pièces antérieures, contemporaines et postérieures.

Maintenant, M. Leblois, levant à son profit une partie du huis clos, a dit que le colonel Henry avait reconnu, au Conseil de guerre, avoir eu avec lui une conférence de deux heures. Je lui donne le démenti le plus formel ; cela n’a pas été dit au Conseil de guerre. J’y ai assisté. Ce qui est vrai, c’est que le colonel Picquart l’a dit, mais c’est tout à fait différent. Le colonel Henry ne l’a jamais reconnu, jamais.

M. le Président. — Avez-vous d’autres choses a dire ?

M. le général de Pellieux. — Je n’ai plus rien à dire, à moins qu’on ait des questions à me poser.

Me Labori. — J’aurai des questions à poser au géneral. Et d’abord, je crois que M. Zola a quelque chose à dire.

M. Zola, d’un ton indigné. — Il y a différentes façons de servir la France...

M. le Président. — Pas de phrases ! vous n'avez que des questions à poser. Quelles questions voulez-vous adresser au général ?

M. Zola. — Je demande au général de Pellieux s'il ne pense pas qu’il y ait différentes façons de servir la France ? On peut la servir par l’épée et par la plume. M. le général de Pellieux a sans doute gagné de grandes victoires ! J’ai gagné les miennes. Par mes œuvres, la langue française a été portée dans le monde entier J’ai mes victoires ! Je lègue à la postérité le nom du général de Pellieux et celui d’Emile Zola : elle choisira ! (Mouvements divers.)

M. le général de Pellieux. — Monsieur le Président, je ne répondrai pas.